L'Afrique subsaharienne, nouvel eldorado des gestionnaires d'actifs

L'Afrique vient de connaître une période de très bons résultats, déclarait Antoinette Sayeh, directrice du département Afrique du Fonds monétaire international (FMI) et ancienne ministre des Finances du Liberia, dans le numéro de septembre du bulletin du FMI. De 1995 à 2007, nous avons eu une croissance moyenne de 5 %. » La croissance globale de l'Afrique subsaharienne devrait être de 6,5 % en 2009, largement supérieure à celle des pays développés. De quoi attirer les investisseurs institutionnels qui apparaissent sur ces marchés financiers, comme cela avait été le cas dans les pays émergents d'Amérique latine, d'Asie et d'Europe de l'Est dans les années 1980. Plusieurs gérants d'actifs occidentaux ont déjà lancé des fonds pour tirer parti des opportunités que recèlent les Bourses régionales. fonds panafricainsMais ces fonds sont la plupart du temps panafricains. C'est le cas de ceux de JP Morgan AM et de DWS Investments. Ou encore de Lyxor Asset Management, qui commercialise depuis le mois de septembre dernier le Lyxor ETF Pan Africa, fonds indiciel répliquant l'indice SGI Pan Africa. À noter que cette zone géographique élargie au continent ne dispose pas d'une classification dans les bases de données d'Europerformance ou de Morningstar et doit se faire une place parmi la catégorie des fonds « emerging markets » ! Si les gérants d'actifs sont familiers de l'Afrique du Nord et de l'Afrique australe, la partie centrale du continent est très peu exploitée. Pourtant, tous les acteurs qui y opèrent partagent une certitude : il faudra moins de cinq ans pour que l'Afrique subsaharienne atteigne une forme de maturité en gestion d'actifs. Standard & Poor's et MSCI ont lancé des indices investis en Afrique : ils surperforment le MSCI Emerging Markets.La gestion d'actifs en Afrique subsaharienne revêt déjà les formes les plus classiques. « Nous sommes actionnaires depuis plusieurs années de fonds d'investissement », explique Paul Derreumaux, président de Bank of Africa, l'un des principaux groupes bancaires de l'Afrique subsaharienne, présent dans onze pays. Il s'agit souvent d'enveloppes panafricaines engagées sur quelques secteurs clés : les télécoms, les mines, quelques grands travaux d'infrastructures, par le biais d'actions parfois complétées par de la dette subordonnée remboursable en actions. Les investisseurs de ces fonds sont des institutionnels locaux ou internationaux : Proparco, filiale de l'Agence française de développement, Norfund et Swedfund, fonds des États norvégien et suédois ou encore la Banque européenne d'investissement (BEI).Pour les petits porteursAutre volet de la gestion d'actifs subsaharienne : les fonds locaux. « Nous sommes en train de créer l'une des premières sociétés de gestion d'actifs à Abidjan, indique Paul Derreumaux. Son homologue existe déjà au Nigeria et en Afrique de l'Ouest. » La Soaga, Société ouest-africaine de gestion d'actifs, créée en 2002, est détenue par la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) entourée d'institutionnels de la sous-région dont le fonds de pension de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), de Proparco, de banques ainsi que de caisses de retraite. « Nous avons ?uvré au développement de cette société en installant toutes les normes prudentielles, explique Guy Abby Noguès, directeur général de la Soaga. Il s'agit aujourd'hui de la première institution financière de la sous-région. » Un produit à capital garanti destiné aux petits porteurs devrait prochainement voir le jour ainsi qu'un produit d'épargne entreprise. « Dans notre sous-région, le produit géré par la Soaga, la Sicav Abdou Diouf, est le plus important, note Maxime Akpaca, directeur adjoint des finances et de la trésorerie de la BOAD. Il y a par ailleurs une douzaine de fonds communs de placement, mais pour la plupart il s'agit de fonds d'épargne entreprise à l'échelon national ou d'une société. La gestion collective de l'épargne est un marché qui se développe mais qui est encore peu profond. Les particuliers représentent moins de 1 % des investisseurs. »Pour les gérants d'actifs occidentaux, la Soaga se veut un partenaire. « Notre législation est assez ouverte, remarque Guy Abby Noguès. Une maison étrangère peut créer avec la Soaga un véhicule d'investissement à l'effet d'intéresser ses clients ou solliciter directement l'autorité de régulation du marché financier régional un agrément pour s'installer localement. Mais le plus simple est de mettre sur pied un fonds dédié en coopération avec nous. Nous pouvons alors prendre en charge toutes les diligences nécessaires. » La Soaga est actuellement en discussion à ce sujet avec Merrill Lynch et d'autres sociétés d'investissement. Cette aide est souvent précieuse pour les maisons étrangères, car l'accès à l'information financière est difficile et les sociétés peu suivies. Chez JP Morgan AM, dans l'équipe de cinquante analystes et gérants dédiée aux marchés émergents, on trouve un spécialiste de l'Afrique du Sud, un de l'Afrique subsaharienne et un pour l'ensemble de l'Afrique. « À partir du moment où l'équipe de gestion dispose d'un expert de la région, il n'est pas indispensable d'avoir un partenaire sur place, estime Claire Simmonds, spécialiste produits actions émergentes de JP Morgan AM. Il faut bien sûr avoir des opérateurs pour l'achat et la conservation des titres, mais une association n'est pas nécessaire. » concurrence quasi nulleLancer aujourd'hui un fonds en Afrique subsaharienne permet de prendre pied sur un territoire encore très peu investi par les gérants. « La concurrence est quasiment inexistante, remarque Jens Schleuniger, gérant d'un fonds panafricain chez DWS Investments, en raison d'une part de la faible liquidité, d'autre part de la préparation que cela demande de lancer un fonds en Afrique. Il faut nécessairement bénéficier de contacts locaux, ne serait- ce que pour disposer de chiffres réalistes. Ceux diffusés par les fournisseurs de données habituels sont fantaisistes. » Quelques règles fondamentales ? Diversifier au maximum la provenance gé graphique des investissements et privilégier un stock picking pur.Isabelle R. Doumic s&p et msci ont lancé des indices en afrique : ils superforment le MSCI Emerging market
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