Cure d'austérité pour les groupes énergétiques allemands

Traditionnellement jugés très résistants, les groupes énergétiques allemands ne sont pourtant pas épargnés par la crise. Ainsi le premier d'entre eux, E.ON, a dû annoncer hier qu'il passerait, dans ses comptes 2008, quelque 3,3 milliards d'euros de dépréciations d'actifs. Ce réajustement a été effectué pour 1,5 milliard d'euros sur les activités américaines et pour 1,8 milliard d'euros sur la division Europe du Sud (France, Italie et Espagne), récemment acquise par le groupe. Aux États-Unis, les perspectives de croissance à long terme ont été revues à la baisse tandis que le coût du capital progresse. En Italie, le nouvel impôt conduit à un réajustement de 500 millions d'euros de la valeur des activités locales. Comme l'a reconnu le président d'E.ON, Wulf Bernotat, tout ceci « aura un impact sur le résultat net » du groupe qui sera publié le 10 mars. Mais cette dépréciation a épargné le résultat opérationnel qui, avec une hausse de 7 % à 8 % en 2008, est en ligne avec les prévisions, et le dividende pourra être augmenté.structures internesL'horizon reste cependant chargé et Wulf Bernotat, qui n'a pas voulu s'engager sur des objectifs pour 2009, a annoncé le lancement d'un vaste plan d'économies. Il s'agit de simplifier les structures internes, devenues complexes après les nombreuses acquisitions du groupe, et de réduire les coûts. Des suppressions de postes ne sont pas exclues. En tout, c'est 1,5 milliard d'euros d'économies qui seraient réalisées d'ici à 2011. « La crise actuelle rend ce plan plus urgent », a souligné le patron d'E.ON.À l'image du leader allemand, les concurrents d'E.ON souffrent également. Alors que RWE réfléchit également à un plan d'économies, le numéro trois de l'énergie allemande, EnBW, détenu à 45 % par EDF, va lui aussi chercher à réduire ses coûts, de 200 millions d'euros d'ici à 2011 ou 2012. EnBW a certes enregistré une hausse sensible, de 15 %, de son résultat opérationnel en 2008 et il a relevé son dividende. Mais le résultat net de la filiale d'EDF a reculé de 36 %, à 872 millions d'euros, touché lui aussi par des dépréciations liées à la décision du régulateur allemand de baisser les droits d'accès à son réseau ainsi qu'à des pertes sur des instruments financiers. Et ses perspectives ne sont guère réjouissantes : la récession va réduire la consommation d'électricité, notamment dans l'industrie, tandis que la pression sur les prix va se poursuivre. Au final, EnBW prévoit donc pour 2009 un recul de la production et un bénéfice qui restera au niveau de 2008.Romaric Godin, à Francfort
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.