Les bilans des entreprises reflètent mal la crise

Alcatel-Lucent aurait-il pu constater davantage encore que 4,7 milliards d'euros de dépréciations d'actifs ? Et ses conseillers en évaluation d'entreprises ont-ils pris le parti du pire ? D'autant que cette perte de valeur s'est traduite par une diminution de près de moitié de ses capitaux propres revenus à 5,2 milliards d'euros au 31 décembre. Pas du tout et les pertes affichées auraient pu être plus importantes. En effet, les experts financiers, réunis hier à l'occasion d'une conférence organisée par l'IMA (Institute of Management Accountants), ont décidé d'adopter une approche modérée en la matière.« Un consensus informel s'est formé autour de l'idée qu'un taux d'actualisation, obtenu à partir de la prime de risque du marché actuel qui atteint les 10 %, n'était pas pertinent pour les évaluations d'actifs de long terme », glisse Sonia Bonnet-Bernard, associée gérante de Ricol, Lasteyrie & Associés. Et d'ajouter : « La prime de risque, qui pourrait être retenue dans une optique de long terme, oscille entre 5 et 5,5 %. » Jean-Louis Mullenbach, associé chez Bellot Mullenbach & Associés, précise que le chiffre d'environ 5 % correspond à « une moyenne historique qui comprend la crise de 1929 ». Cette variable constitue un pivot essentiel dans la détermination du taux d'actualisation retenu dans le cadre des tests de dépréciations. Ils sont réalisés depuis l'application en 2005 des normes IFRS, sur les écarts d'acquisitions et, dans certains cas, sur les marques.En conséquence, le taux d'actualisation devrait, en moyenne, osciller de 8 % à 11 % cette année. Selon Alexis Karklins-Marchay, associé chez Ernst & Young Transaction Advisory Services, il ne devrait « logiquement pas croître de plus de 50 à 150 points de base pour une société pérenne ». Autrement dit, pas de révolution à attendre dans l'appréciation du risque liée à la valeur des écarts d'acquisition figurant au bilan. Cette variable restera donc, peu ou prou, la même que l'an passé. Dès lors, plusieurs questions se posent. Ne risque-t-on pas de passer à côté de la réalité de la crise ? Les paramètres retenus reflètent-ils correctement la forte augmentation du coût de l'endettement des entreprises en l'espace d'un an ? De nombreux spécialistes seraient tenter de répondre par la négative, considérant qu'il faudra surtout porter une attention toute particulière aux projections de flux. D'après Sonia Bonnet-Bernard, pour justifier les valeurs retenues, « les entreprises devront fournir un ?business plan? étayé. Certaines restent prudentes sur leurs prévisions de recettes attendues en 2009 mais ont tendance à se montrer très optimistes sur 2010 ».Face à ce travers, les évaluateurs pourront être amenés à revoir les prévisions de revenus à partir de calculs de probabilité réalisés sur différents types de scénarios possibles.D'autres spécialistes comme Jean-Louis Mullenbach pensent qu'il « faudra se montrer particulièrement vigilant dans l'appréciation du risque pays ». Pour les situations financières les plus délicates, le risque de défaillance pourra, selon Alexis Karklins-Marchay, « être pris en compte au travers du coût de la dette et d'une prime risque additionnelle qui pourrait atteindre plusieurs centaines de points de base ». n15,2 % texte
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