Passe d'armes sur

Pour le baptême officiel du Fonds d'investissement social (Fiso), Nicolas Sarkozy avait fait, hier, les choses en grand. Le chef de l'État était entouré de son Premier ministre et de pas moins de quatre membres du gouvernement pour accueillir les cinq leaders syndicaux et les représentants patronaux. Dans son discours introductif devant les partenaires sociaux, Nicolas Sarkozy a confirmé que le Fiso serait une structure souple, « un mode de coopération pour la prise de décisions, chacun conservant la responsabilité pleine et entière de ses financements ». Un dispositif, prévu pour deux ans mais susceptible d'être prolongé si la crise perdure, qui convient aux partenaires sociaux : « Nous avons approuvé la méthode », a indiqué, à sa sortie de l'Élysée, François Chérèque (CFDT), qui avait fait du Fiso l'une de ses principales propositions « anticrise » dès le mois de février. « Nous ne voulions pas d'une usine à gaz. C'est le cas. Il n'y aura pas de décret, pas de circulaire. Sur la forme, nous sommes d'accord », a renchéri Jean-Claude Mailly de Force ouvrière.En dépit de cette approbation sur le principe du fonds, les partenaires sociaux n'ont pas caché, hier, qu'ils s'interrogeaient encore sur les finalités du Fiso et sur son mode de financement. Sur le premier point, le chef de l'État s'est employé à désamorcer les critiques. beaucoup d'ambiguïtés Une cellule de pilotage, mise en place sous la tutelle de Christine Lagarde et Laurent Wauquiez, sera chargée de valider les dossiers qui bénéficieront du soutien financier du Fiso. Nicolas Sarkozy a notamment cité un projet d'accord-cadre en cours de négociation dans le secteur du bâtiment qui prévoit des actions de formation liées au chômage partiel, de mobilité? Mais le chef de l'État n'a pas totalement convaincu. « Il reste beaucoup d'ambiguïtés sur la finalité du fonds. Il ne doit en aucun cas servir à ce que les entreprises s'exonèrent de leurs responsabilités. Et ne pas être utilisé par le gouvernement pour financer ses propres actions politiques », a averti Bernard Thibault de la CGT. Tous espèrent que la première réunion de la cellule de pilotage qui doit se tenir d'ici une quinzaine de jours permettra de lever le flou.évaluation en juinAutre motif de mécontentement, le financement. Le chef de l'État a confirmé que 1,5 milliard d'euros serait prélevé, en 2009, sur les deniers publics (1,3 milliard dégagé dans le cadre des deux derniers collectifs budgétaires, 150 millions du fonds d'expérimentation jeunes et 80 millions de crédits du Fonds social européen). Les partenaires sociaux apporteront, eux, 400 millions d'euros prélevés sur les fonds de la formation professionnelle et de l'assurance chômage. « Sur le financement, nous jugeons toujours cette somme de 1,5 milliard insuffisante », a regretté François Chérèque, qui estimait, en février, les besoins à 5 à 7 milliards d'euros pour deux ans. Pour apaiser la grogne, Nicolas Sarkozy a promis qu'une évaluation serait réalisée en juin et que des moyens supplémentaires pourraient alors être débloqués. En privé, pourtant, l'entourage du chef de l'État ne cache pas son agacement face aux demandes des partenaires sociaux. « S'il y a un tel besoin d'argent, pourquoi n'ont-ils pas débloqué de leur côté plus de 400 millions d'euros ? Il faut être cohérent », fait-on remarquer à l'Élysée.
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