Cinq conditions du retour à la confiance dans les banques

Après le terrible séisme de la crise des subprimes et des répliques qui se sont enchaînées depuis près de deux ans, la confiance vis-à-vis des banques est sérieusement ébranlée parmi les investisseurs, les entreprises, les épargnants, les responsables politiques et dans l'opinion publique, partout dans le monde.Or l'économie mondiale ne retrouvera le chemin d'une croissance durable que si tous ces acteurs ont de nouveau confiance dans l'industrie financière et dans sa capacité à remplir efficacement son rôle vital de système sanguin de la vie économique et sociale.Quelles sont les conditions à remplir pour y parvenir ? J'en retiendrai cinq :1. Les banques doivent, comme le souligne avec insistance le Fonds monétaire international (FMI), poursuivre et mener à son terme le plus rapidement possible l'assainissement de leurs bilans, encore lestés de trop d'actifs toxiques et de mauvaises créances. La méthode pour le faire ? création de « bad banks », nationalisation temporaire, garanties étatiques ? importe moins que le résultat à obtenir : convaincre les marchés ? investisseurs, prêteurs, analystes financiers ? que le risque systémique de défaillance d'un acteur ou d'un ensemble d'acteurs majeurs est réellement écarté. Tel n'est pas encore le cas aujourd'hui, l'incertitude nourrit toujours l'attentisme et la crainte de l'avenir.2. Les banques doivent, en deuxième lieu, apporter la preuve qu'elles ont identifié les causes des défaillances qui se sont produites et qu'elles sont déterminées à y porter remède. Qu'il s'agisse des dispositifs de contrôle interne et de gestion des risques, des modes de rémunération des dirigeants et des opérateurs de marchés, de l'utilisation de la titrisation, de la maîtrise des effets de levier, de la mise au ban de la finance grise ou noire, on attend des responsables des grandes banques qu'ils explicitent le nouveau modèle économique qui sera celui de leurs établissements dans le monde d'après-crise.La confiance n'a aucune chance de se rétablir si, comme persistent à le dire certains, « tout peut repartir comme avant », avec le même portefeuille d'activités, la même prise de risques, les mêmes objectifs de ROE (« return on equity », la rentabilité des capitaux propres), les mêmes excès dans les rémunérations.3. Il est nécessaire de reconstruire le système mondial de régulation et de supervision des acteurs et des marchés de la finance.Le sommet du G20 qui s'est tenu à Londres a bien défini les réformes à conduire. Il convient maintenant de les mettre en ?uvre rapidement et complètement.4. On attend également des acteurs de la finance une réaffirmation forte et solennelle des valeurs et des principes d'action qui doivent être respectés par tous ceux qui exercent un métier d'argent : intégrité, sagesse, devoir de rendre des comptes, primauté de l'intérêt collectif par rapport aux intérêts particuliers, connaissance et respect du client. Ne pourrait-on pas rédiger un « serment d'Hippocrate » des professionnels de la finance que chacun devrait prononcer lors de son entrée en fonctions, comme le fait toujours, par exemple, le directeur général de la Caisse des dépôts ?5. La confiance suppose enfin que les banques manifestent leur engagement sociétal dans des domaines que nos concitoyens considèrent aujourd'hui comme prioritaires : emploi et formation des jeunes, lutte contre les discriminations, financement des microentrepreneurs, énergies nouvelles et lutte contre le réchauffement climatique. C'est une des missions et une des priorités de l'Orse et de son comité finance que d'aider nos partenaires financiers à identifier et à développer les meilleures pratiques en la matière. n (*) Observatoire sur la responsabilité sociétale des entreprises. point de vue Daniel Lebègue Président de l'Orse (*).
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