Les petites structures pénalisées par les délais de paiement

Comme beaucoup de patrons de PME-TPE, Denis Cerutti, gérant de la société éponyme spécialisée dans le textile, attend avec impatience l'entrée en vigueur de la loi de modernisation de l'économie (LME). Laquelle prévoit un plafonnement des délais de paiement à soixante jours. « Si mes concurrents réclament aux boutiques clientes d'appliquer la loi, elles cesseront de nous payer à trois mois et plus », se réjouit le gérant, qui fait déjà l'effort de payer ses fournisseurs à trente jours. Las, l'entrée de cette loi au 1er janvier 2009 ne fait pas que des émules. Officieusement, une demi-douzaine de secteurs (entre autres, l'automobile, le bâtiment, le bricolage et le jouet) est en négociation pour repousser l'échéance jusqu'en 2012. La loi prévoit que les fédérations d'industriels et les distributeurs puissent solliciter des mesures dérogatoires. Mais leur demande doit être transmise avant le 1er mars 2009 à la DGCCRF.Gageons que la Fédération du commerce et de la distribution spécialisée fera, elle aussi, entendre sa voix, car elle estime le coût de la réduction des délais de paiement induit à 7,4 milliards d'euros, dont plus de la moitié profitera aux multinationales. Olivier Moser, du cabinet conseil Ineum Consulting, pense que les conséquences seront lourdes pour les petits fournisseurs français : « Les distributeurs voudront réduire les assortiments en rayon et les stocks. » En conséquence, les plus petits risquent d'être déréférencés ou obligés de consigner des stocks au profit de leur distributeur.Risque de faillitesFace à de telles contraintes, les fournisseurs seront légitimés à réclamer le règlement de leurs factures à date échue. D'autant que l'année 2009 sera difficile, avec un risque de faillites et donc de non-règlement. Pour parer au défaut de paiement des clients, Laurence Nunzi, directrice du cabinet Ace spécialisé dans le conseil en création d'entreprise, recommande de demander des acomptes de 50 % à la commande : « Cela limite le risque d'impayé. » Elle suggère aussi la mise en place des prélèvements automatiques en cas d'activité récurrente, comme la maintenance. Il suffit que le client soit d'accord sur la nature de la prestation et sur le prix, et qu'il signe une autorisation de prélèvement. « En cas de rejet du prélèvement pour défaut de trésorerie, le client encourt moins de risques juridiques qu'avec un chèque impay頻, souligne Laurence Nunzi.Enfin, il ne faut pas hésiter à multiplier les relances et, en cas d'échec, à passer le relais à un recouvreur de créances professionnel. Ce qui évite de rompre la relation avec son client. La société Cerutti a opté pour le « prêt-à-recouvrer » fourni par le site Sefairepayer.com. Lequel vend en ligne à ses clients, surtout des TPE, des forfaits qui apportent des solutions graduées, depuis la lettre de relance jusqu'à la procédure judiciaire en passant par la « visite commando ». Efficace, ce type de solution évite de mobiliser du personnel qui peut être affecté à des tâches plus valorisantes. Mais cela a un prix.Dernier espoir : les commissaires aux comptes devraient être tenus de faire appliquer la LME dans les sociétés anonymes. « Ces professionnels vont jouer un rôle salutaire, car ils devront établir un rapport annuel sur les délais de paiement clients et fournisseurs », prophétise Élisabeth Jaquin, secrétaire générale du groupement professionnel France Défi, une association qui réunit des experts comptables et des commissaires aux comptes. De quoi corriger enfin les mauvais payeurs ? éliane K
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