EMI dément faire face à des difficultés de financement

Eric Albert, à LondresEMI va-t-il faire les frais de la crise du crédit ? La maison de disques britannique rencontrerait des difficultés à satisfaire aux exigences de Citigroup, sa banque créditrice, à en croire le « Wall Street Journal ». En mars, elle doit passer un test de solidité financière. Si sa dette est jugée trop élevée par rapport à son chiffre d'affaires, son propriétaire, le fonds de private equity Terra Firma, pourrait être obligé d'injecter du capital supplémentaire pour équilibrer le ratio, conformément aux critères requis par Citigroup. Semblant confirmer ces difficultés, le prix pour assurer la dette d'EMI a augmenté de 10 % depuis un mois, selon Markit (voir graphique). Mais une source proche de Terra Firma réplique qu'il n'y a « aucune chance » qu'EMI se retrouve en défaut de paiement. La maison de disques, qui est en pleine restructuration, a même réalisé des progrès financiers au premier semestre. Dans un mémo interne daté du mois dernier, obtenu par « La Tribune », le directeur général d'EMI Music, Elio Leoni-Sceti, affirmait avoir réalisé un bénéfice opérationnel de 59 millions de livres (67 millions d'euros) au premier semestre (entre mars et septembre), par rapport à une perte de 14 millions (16 millions d'euros) l'année précédente. « Les résultats de notre management plus strict portent leurs fruits », affirme Elio Leoni-Sceti dans le mémo. Il fait référence à la très forte réduction des coûts qu'EMI a lancé en janvier dernier, avec la suppression de 1.500 à 2.000 emplois annoncés, soit près du tiers des effectifs. Ce plan faisait suite à l'acquisition d'EMI en 2007 par Terra Firma pour 4 milliards de livres (4,5 milliards d'euros), dont un emprunt de 2,6 milliards.En découvrant le train de vie du monde de la musique, Guy Hands, le patron de Terra Firma, avait été ahuri. Il s'était indigné que 88 % des nouveaux artistes signés par EMI faisaient perdre de l'argent au label. La conclusion, brutale, était que les comptes d'EMI avaient plongé dans le rouge : pour l'année d'avril 2007 à mars 2008, son chiffre d'affaires était en baisse de 19 % et sa perte opérationnelle s'élevait à 258 millions de livres (295 millions d'euros).concurrence InternetPlus encore que ses concurrents, la vieille maison de disques n'arrive pas à réagir à la concurrence d'Internet. Entre 2005 et 2007, les revenus de ses nouveaux albums ont baissé de 36 %, tandis que le marché perdait 23 % en moyenne. Quant aux revenus tirés de la commercialisation de la musique sous forme « dématérialisée », en ligne, sur mobile?, ils ne représentent encore que 9,4 % du total des revenus d'EMI. Malgré une croissance de 115 % en deux ans, ils ont progressé moins vite que pour la moyenne du marché (+ 148 %). Depuis, l'organisation de la maison de disques a été profondément modifiée pour s'adapter à la mutation lnternet, et la direction a été changée. Mais pour l'instant, si les coûts ont été réduits, les ventes ne sont qu'en « légère progression », selon le mémo du mois dernier. EMI veut espérer que les albums d'Alain Souchon et Coldplay, qui affichent de bonnes performances, permettront d'aller à l'encontre de la conjoncture. Début 2009, les espoirs reposeront sur Lilly Allen, Pet Shop Boys, Dépêche Mode et Massive Attack. Mais Elio Leoni-Sceti est le premier à le reconnaître : « La renaissance d'EMI Music n'en est qu'à ses tout débuts et le chemin à venir ne sera pas facile. »
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