Les incertitudes de la présidence tchèque

Le Premier Ministre tchèque, Mirek Topolanek, est peut-être en passe de gagner son pari. Ce conservateur pragmatique, partisan de la ratification du traité européen de Lisbonne, a réussi à obtenir de l'Assemblée l'organisation d'un vote sur la question le 3 février prochain. Les députés tchèques devraient donc se prononcer plus d'un mois après l'accession de leur pays à la présidence de l'Union européenne. Le résultat reste très incertain. Mais les europtimistes à Prague font valoir qu'après les conclusions de la Cour constitutionnelle, selon lesquelles les articles du traité soumis par des sénateurs eurosceptiques « étaient conformes à la Constitution tchèque », qu'après le congrès de l'ODS, le parti du Premier ministre, ou les pro-européens ont été confirmés dans leurs positions, la situation sur le front du traité commence lentement à se débloquer. Les tractations ont d'ores et déjà commencé entre le clan Topolanek et l'opposition sociale-démocrate, pro-européenne. M. Topolanek, à la tête d'une coalition minoritaire très fragile, aura besoin des voix de la gauche pour faire ratifier Lisbonne? mais aussi pour faire avaliser par le Parlement le projet de déploiement d'une base radar antimissiles américaine sur le sol tchèque. Il a donc proposé à l'opposition, globalement hostile, comme les 2/3 de la population, au radar, de « lui donner la ratification de Lisbonne », en échange de son soutien à l'installation de la base américaine. Les sociaux-démocrates de l'ancien Premier ministre, Jiri Paroubek, ne l'entendent pas de cette oreille. Ils proposent au gouvernement Topolanek un « pacte de non-agression pendant les six mois de présidence tchèque ». Six mois pendant lesquels ils s'engageraient à ne rien faire pour renverser le gouvernement, le tout évidemment en échange de la ratification préalable du traité européen. Pour Mirek Topolanek, cette piste paraît bien tentante : non seulement l'implosion de son gouvernement en cours de présidence européenne ferait désordre, mais encore les élections anticipées qui la suivraient se solderaient vraisemblablement par une catastrophe pour l'ODS. Car le boulet tchèque s'appelle Vaclav Klaus. L'actuel chef de l'État vient de quitter l'ODS qu'il fonda au début des années 1990.Il entend créer un parti totalement anti-européen à l'image du Libertas irlandais et y attirer nombre d'actuels députés et sénateurs. Généralement respectueux de sa personne, les médias tchèques commencent à s'interroger sur les motivations réelles de M. Klaus. L'hebdo « Respekt » évoque notamment la relation psychotique de l'actuel locataire du Château de Prague à son prédécesseur Vaclav Havel. Faire de son pays le « vilain petit canard » de l'Europe, le premier à dire « non » a un traité européen alors qu'il assume la présidence de l'UE serait-il une revanche suffisante sur le chouchou des Occidentaux, celui qui faisait « tout bien » ? Pour mener a bien la ratification de Lisbonne, la droite modérée tchèque devra tuer le père. christine dupré, à pragues++BSD ++PasSupprimerBalise balise systèmene pas supprimer++BSF ++
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.