Les sociétés font-elles des licenciements boursiers  ?

Pascale Besses-BoumardAu-delà du besoin de reconfigurer leurs effectifs en fonction de l'évolution de leurs marchés, les entreprises ne profitent-elles pas de la situation pour tailler dans le vif dans le but de satisfaire les marchés boursiers ? Il est vrai que, d'une manière générale, les investisseurs apprécient les coupes sombres au sein des entreprises, signes avant-coureurs de réduction des frais fixes. Et toute annonce de suppressions d'emplois est très souvent largement saluée en Bourse, les perspectives de rentabilité surpassant toute autre considération.Aujourd'hui pourtant, on ne peut guère accuser les dirigeants des sociétés cotées de vouloir séduire les marchés par cet artifice. Et pour cause : les bonnes vieilles recettes ne fonctionnent plus. Et les perspectives de réduction de masse salariale ou de fermetures d'usines pendant plusieurs semaines n'ont plus du tout les mêmes effets. Il n'y a qu'à voir la descente aux enfers d'ArcelorMittal pour s'en convaincre : en dépit des récentes annonces de suppressions d'emplois tant en France qu'à l'international, la valeur n'a pas vraiment retrouvé le chemin de la hausse. Hier encore, le groupe sidérurgique faisait partie des plus forts reculs de la journée, portant à plus de 65 % son repli depuis le début de l'année et plus de 70 % depuis six mois.D'autres entreprises comme Renault ou Peugeot sont logées à la même enseigne. Malgré leurs projets de réduction d'effectifs et de chômage technique, elles subissent avec la même vigueur ces dernières semaines les foudres des opérateurs. Résultat, Peugeot lâche aujourd'hui près de 75 % par rapport au 1er janvier quand Renault s'effondre de 81 %. Manifestement, les boursiers ne se laissent plus convaincre par les « bienfaits » des dégraissages. Ils focalisent plus volontiers leur intérêt sur la capacité de résistance des sociétés à la morosité économique et leur taux de distribution, la notion de rendement étant aujourd'hui privilégiée par l'ensemble des intervenants boursiers.
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