El Quiñon, la cité fantôme

C'est une cité sans âme, une ville sans vie. Un lieu austère et monolithique. Passé ce qui s'apparente à une zone industrielle, surgissent des immeubles en brique construits à l'identique. Mis à part çà et là un restaurant ou une agence immobilière, la plupart des emplacements prévus pour accueillir des locaux commerciaux au pied des immeubles sont restés murés. Il faut dire qu'une grande partie des logements sont vides. El Quiñon, une cité qui dépend de la muncipalité de Seseña et est située à 36 kilomètres au sud de Madrid, avait été conçue pour accueillir 40.000 habitants dans 13.500 logements. Aujourd'hui, sur les 3.500 appartements construits, seuls 1.000 seraient occupés par près de 3.000 habitants.El Quiñon symbolise à l'extrême la crise immobilière qui secoue l'Espagne. « C'est un cas exceptionnel », modère Nicolas Diaz, directeur général France de la société foncière Metrovacesa, qui détient 27 % de Gecina. De fait, le promoteur d'El Quiñon, Francisco Hernando, un ancien puisatier, a des idées d'un autre âge : il a par exemple fait construire une statue en l'honneur de ses parents, digne des anciennes villes communistes. Le « scandale » d'El Quiñon, comme le dit Nicolas Diaz, n'en est pas moins révélateur. « L'Espagne vit une crise de suroffre [de logements, Ndlr] typique, la même crise que celle que la France a vécue en 1990 », décrypte-t-il.Les Espagnols, qui ont une culture de l'accession à la propriété au point que 88 % d'entre eux sont propriétaires, ont aussi « jou頻 à l'immobilier : certains ont acheté un appartement en plus de leur résidence principale, en spéculant sur une montée des prix, qui pouvait atteindre 10 % par an dans un contexte financier très favorable, puisque les taux d'intérêt réels étaient négatifs, compte tenu de l'inflation. Le processus de livraison des logements a par ailleurs joué un rôle pervers. Les Espagnols ne signent l'acte définitif d'achat d'un logement neuf que lors de sa livraison, ce qui a retardé la prise de conscience du décalage entre l'offre et la demande, qui avait commencé à diminuer dès la mi-2004. Le secteur réfléchit à adopter le système appliqué en France dit de la Vefa (vente en l'état futur d'achèvement), qui impose à l'acquéreur à payer le prix au fur et à mesure de l'avancement des travaux. Sophie Sanchez
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