La FNSEA au bord de l'éclatement

Crise de nerfs à la FNSEA. Le syndicat agricole historique, si fier, si solide, si bien implanté dans les campagnes, et qui cogère depuis des décennies (il fête son 63e anniversaire demain) la politique agricole de la France avec les pouvoirs publics, est aujourd'hui au bord de l'éclatement. La raison ? Le coup de colère des céréaliers contre la direction de la FNSEA qui n'a pas su tenir tête au ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, quand celui-ci a décidé, fin février, de rogner les subventions européennes accordées aux grandes cultures pour les redistribuer aux éleveurs. Cette politique est devenue possible avec la miniréforme de la politique agricole commune, intervenue en novembre sous la présidence française de l'Union européenne, pour mieux soutenir les secteurs en difficulté, comme l'agriculture de montagne. Ainsi, à partir de 2010, la France envisage de redistribuer 1,4 milliard d'euros d'aide prélevé principalement sur les subventions que reçoivent les grandes cultures. « Il ne faut plus arroser là où c'est déjà archimouill頻, dit-on dans l'entourage de Michel Barnier. Selon les calculs d'Orama, organisme rassemblant les producteurs de grains, cette redistribution des subventions européennes entraînerait une baisse de 60 % des revenus dans les grandes cultures à l'horizon 2012 par rapport à ceux de 2006. Pour protester contre l'inaction de la FNSEA, Philippe Pinta, président de l'Association générale des producteurs de blé, a présenté sa démission de ses postes de trésorier et de président de la commission économique de la FNSEA. Dans son courrier, Philippe Pinta précise que sa décision « est à la hauteur du désarroi et de l'incompréhension résultant de la gestion politique et syndicale de ce dossier ». Son confrère Christophe Terrain, président de l'Association générale des producteurs de maïs, appelle à la mobilisation générale contre « la mécanique infernale imaginée par le ministre de l'Agriculture ». le feu dans la maisonLes jeunes agriculteurs de l'Île-de-France, essentiellement céréaliers, promettent un « chaleureux » accueil au président Nicolas Sarkozy qui se rend aujourd'hui dans les Yvelines pour une visite sur le thème de la réforme de l'hôpital et du système de santé. Il y a donc le feu dans la maison FNSEA. Du coup, son président, Jean-Michel Lemétayer, éleveur laitier, appelle au rassemblement. Il ne comprend visiblement pas cette situation inédite, d'autant que, après avoir entendu « chacune des productions, chacune des régions », il estime que des « points de convergence étaient apparus ». Dès lors, il ne sait plus « comment interpréter de nouvelles positions individuelles d'associations spécialisées », c'est-à-dire des producteurs de grains. Et dénonce les « multiples délégations » qui se sont « succédé au ministère [de l'Agriculture] et ailleurs [à l'Élysée] pour présenter leur solution ». En tout cas, pour obtenir gain de cause d'ici à 2010, les céréaliers comptent s'appuyer davantage sur « Nicolas Sarkozy, qui a un discours de politique agricole plus orienté vers la compétitivité que celui de Michel Barnier ». n
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