Quand Hollywood s'enrhume, la planète cinéma se grippe

Jamal Henni, envoyé spécial à CannesCette année, il y aura seulement deux films américains en compétition à Cannes (les derniers opus de Quentin Tarantino et Ang Lee). Interrogé sur cette faible présence, le délégué général Thierry Frémaux a davantage blâmé la grève des scénaristes que la crise financière. Mais cela symbolise tout de même la mauvaise santé de Hollywood. En 2008, le nombre de films produits a chuté de 21 %, pour tomber à 520. Le nombre de sorties en salles est resté quasi stable, à 610 films. Grâce aux indépendants, car les majors n'ont sorti que 162 longs métrages (? 19 %).moins de sorties...Selon l'Observatoire européen de l'audiovisuel, les sorties à grande échelle devraient reculer de 16 % cette année, pour tomber à 118 films. Une tendance notamment due à la disparition des fonds, qui avaient apporté près de 15 milliards de dollars de financement à Hollywood entre 2005 et 2008. « Cet argent, qui avait entraîné une inflation du nombre de films et des budgets, a disparu du jour au lendemain. En clair, Hollywood, qui produisait trop de films trop chers, doit aujourd'hui s'adapter brutalement », explique le président de Wild Bunch, Vincent Grimond.« Les majors hollywoodiennes vont devoir essayer de produire des films moins chers. Cela peut être une opportunité pour des producteurs comme nous capables de produire des films internationaux 20 % à 40 % moins chers qu'à Hollywood », ajoute Jean-Julien Baronnet, directeur général d'Europa Corp.Les premières victimes sont les films indépendants, notamment la division « specialty » des majors, qui ont soit fermé (cas de Warner), soit réduit leur production. Selon Olivier Courson, président du directoire de StudioCanal, « dans les pays dépendant du cinéma américain [c'est-à-dire tous sauf la France, l'Égypte, l'Inde et la Corée du Sud], les distributeurs indépendants sont fragilisés, car ils ont des problèmes d'approvisionnement : moins de films à distribuer, et qui leur sont vendus plus chers ». Résultat, « les films locaux prennent le pas sur les films hollywoodiens, pointe Jean-Julien Baronnet. Ainsi, au Japon, ils réalisent les deux tiers des entrées, alors que c'était l'inverse auparavant. En Italie, le distributeur leader a annoncé qu'il allait passer d'un tiers à deux tiers de films locaux ».Jusqu'ici, le marché français a résisté. Certes, le cinéma hexagonal est largement subventionné. « Mais une partie de ses ressources provient aussi des chaînes de télévision en clair, en fort mauvaise santé, et qui pourraient donc demander à renégocier leurs obligations », pointe un expert.... plus d'entréesL'autre interrogation concerne la résistance des entrées en salles, qui se tient plutôt bien jusqu'à présent. Au premier trimestre, elles ont encore augmenté de 5,6 % aux États-Unis, où l'association des exploitants de salles rappelle que les entrées ont crû lors de 5 des 7 dernières récessions américaines. n
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