Moscou craint la montée de la contestation sociale

RussieLe ministre russe des Finances, Alexeï Koudrine, a prédit la semaine dernière que l'économie de son pays se contractera de 8,5 % en 2009 et connaîtra une très faible croissance, comprise entre 1 et 2 % en 2010. Le secteur privé russe ploie sous le fardeau de la dette alors que les revenus du pays, liés aux exportations de matières premières, continuent de chuter. Conséquence directe, le taux de chômage a doublé en un an et les retards de salaires toucheraient entre un tiers et la moitié des salariés russes, selon différents sondages. Selon l'Agence fédérale pour le travail, le chômage s'élèvera à la fin de l'année à 18 %, soit 2,6 millions de demandeurs d'emploi. Dernier exemple en date, la fermeture du marché Tcherkizovski à Moscou, qui était considéré comme le plus grand d'Europe et sur lequel travaillaient de nombreux immigrés : plus de 100.000 personnes ont ainsi été privées d'emploi, selon le président de la Fédération des immigrés de Russie. Une récente étude de la Haute École d'économie de Moscou rapporte une multiplication dans le pays « des manifestations spontanées causées par les retards de salaires et d'autres formes de protestation comme les grèves de la faim ».Le plan anticrise gouvernemental, qui a permis l'injection de 80 milliards de dollars principalement dans des groupes contrôlés par l'État, n'a pas su enrayer la glissade économique du pays.Abandonné sur le bord de la route, le secteur privé russe devient une source d'inquiétude internationale alors que la dette extérieure des entreprises gonfle rapidement. Les sociétés doivent désormais 437 milliards de dollars, selon la Banque centrale, soit 17 milliards de dollars de plus qu'au 1er avril dernier. Seule bonne nouvelle, la dette de l'État a légèrement diminué à 39,3 milliards de dollars.En dépit du fait que le pays souffre davantage de la crise que les autres grands émergents, Moscou persévère à revendiquer une influence grandissante sur les affaires internationales. Le conseiller économique du président, Arkadi Dvorkovitch, n'a eu de cesse d'insister au cours de ces dernières semaines sur la création d'une nouvelle monnaie de réserve internationale ainsi que de réclamer une nouvelle architecture financière globale basée sur plusieurs devises régionales fortes. Emmanuel Grynszpan, à Moscou
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