Nouvelle étape vers la création du gazoduc Nabucco

Un gazoduc et beaucoup de questions. Les cinq pays impliqués dans la construction de Nabucco, un gazoduc long de 3.300 km qui doit permettre de réduire la dépendance européenne au gaz russe, signent aujourd'hui un accord important à Ankara. Conçu en 2002, ce gazoduc, qui traversera la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie et l'Autriche, vise à importer jusqu'à 31 milliards de mètres cubes de gaz par an d'Asie centrale. Il coûterait 7,9 milliards d'euros. « Si l'argent est trouvé, même avec un peu de retard, il restera encore à résoudre le plus grand problème : l'approvisionnement », souligne Necdet Pamir, un spécialiste turc des questions énergétiques.La Russie regarde en effet d'un mauvais ?il ce projet qui lui ôterait le quasi-monopole dont elle dispose sur l'évacuation du gaz russe et centrasiatique. Moscou a d'ailleurs lancé un projet concurrent, le South Stream, dans le seul but de torpiller Nabucco. Gazprom s'est en outre arrangé pour passer des contrats à long terme avec toutes les républiques d'Asie centrale riches en gaz.scepticisme des expertsLe récent revirement du Turkménistan change la donne. Cette république d'Asie centrale, bien dotée en gaz, « envisage » de participer à Nabucco, a indiqué vendredi son président Gourbangouly Berdymoukhamedov. Il pourrait toutefois ne s'agir que d'un retournement de circonstances. Les relations entre Achgabat et Moscou se sont singulièrement dégradées après l'explosion, en avril, d'un gazoduc reliant les deux pays.Les accords signés aujourd'hui à Ankara portent sur les conditions de transit et de sécurité associées au gazoduc. Dans un premier temps, Nabucco a besoin de 8 milliards de mètres cubes pour être mis en service. Statoil Hydro et BP, qui exploitent le gisement de Shakh Deniz en Azerbaïdjan, assurent que celui-ci est suffisant. Mais en régime de croisière, il en faudra quatre fois plus. D'où le scepticisme de nombreux experts sur la viabilité de ce projet.La Commission européenne se veut rassurante. « Un seul des gisements du Turkménistan dispose de 4 à 14 trillions (milliards de milliards) de mètres cubes, or avec 1 trillion, il y a de quoi fournir Nabucco pendant trente ans », explique-t-on à Bruxelles.
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