Les fonds de pension britanniques sous pression

Difficile de choisir une date plus explosive. En fin de semaine dernière, l'association britannique des fonds de pension (NAPF) a tenu son assemblée générale, alors que le Footsie vient d'essuyer une perte de 26 % en un mois, retrouvant vendredi des niveaux atteints pour la première fois... en 1996. Cette chute a un impact évident sur les fonds de pension britanniques, dont 21 % des actifs sont investis à la Bourse de Londres. Chris Hitchen, le président du NAPF, se voulait rassurant. " Les fonds de pension sont des investissements de long terme, avec des actifs diversifiés et ils devraient être plutôt mieux placés que les autres investisseurs. Le message est de ne pas paniquer. "Les fonds de pension britanniques ont quelques bonnes raisons de se rassurer. Alors qu'ils s'étaient vraiment brûlé les ailes pendant l'éclatement de la bulle Internet, ils sont désormais moins exposés aux actions. Leur portefeuille d'investissement est passé, de plus de 70 % d'actions au début de la décennie, à 59 % en 2006 et " seulement " 49 % aujourd'hui, dont une large partie hors de Grande-Bretagne. De plus, les fonds de pension se sont aussi rués vers les obligations depuis un an, faisant passer leur portefeuille de 35 % à 40 %. " C'est le plus rapide changement de stratégie d'investissement depuis vingt ans ", estime Charles Cowling, directeur de Pension Capital Strategies.En d'autres termes, les fonds de pension s'étaient partiellement protégés avant la tempête... Enfin, la baisse de l'inflation est également une bonne nouvelle pour les fonds de pension. Cela signifie que la somme qu'ils devront payer aux retraités progresse moins vite que ce qui était prévu il y a seulement quelques mois.UN BON MOIS DE SEPTEMBRE EN TROMPE-L'OEILTechniquement, le mois de septembre a donc été bon pour les fonds de pension des 100 plus grosses entreprises britanniques de l'indice Footsie : ils sont passés d'un déficit de 8 milliards de livres fin juin... à un surplus de 18 milliards fin septembre. " Mais ce n'est qu'une anomalie comptable, rectifie Charles Cowling. Les temps sont très durs pour les fonds de pension. Une grande partie de la bonne gestion des risques de l'an dernier [avec la hausse des obligations dans les portefeuilles] a été annulée par les événements dramatiques des marchés. Les fonds de pension font face à une volatilité croissante pour le niveau de financement. " Reste aux trustees à respecter la consigne de Chris Hitchen, et de ne surtout pas paniquer en vendant au creux de la vague.62.000 jobs perdus et chute des bonus à La CityLa City va perdre 62.000 emplois sur l'ensemble de la crise, selon une étude publiée aujourd'hui par le Center for Business and Economic Research (CBER), qui ne prévoyait auparavant que 19.000 disparitions. Un recul des emplois de 17 % est désormais prévu, ramenant les effectifs de la City à leur plancher depuis dix ans, après un pic de 353.000 personnes atteint en 2007. L'essentiel des licenciements se fera en 2009. Outre la banque d'investissement, les produits dérivés seront aussi très affectés. Mais ni la gestion d'actifs, ni les professions légales, ni le courtage ne seront épargnés, avec entre 10 % et 20 % de leurs personnels touchés. Quant aux bonus, ceux de 2008 - payés début 2009 - devraient chuter de 60 % par rapport à leur pic de 2006, selon le CBER. Cela fera 5,2 milliards de livres (6,5 milliards d'euros) en moins injectés dans l'économie londonienne.Dispute entre Londres et ReykjavikLa faillite du système bancaire islandais éclabousse la Grande-Bretagne. Des dizaines de mairies, d'associations caritatives et même la police britannique avaient placé plus de 1 milliard de livres, soit 1,2 milliard d'euros, dans les banques islandaises, qui offraient des rendements très généreux. Notamment dans la Landsbanki qui a fait défaut, alors que près de 300.000 Britanniques avaient de l'argent dans sa filiale Internet, Icesave - nom qui apparaît aujourd'hui prédestiné au gel des dépôts. Or, Reykjavik a refusé de garantir ces dépôts, qui n'étaient pas juridiquement sur le sol islandais. Gordon Brown, Premier ministre britannique, a jugé " illégale " cette décision. Pour éviter toute panique, il a décidé de garantir l'ensemble des dépôts britanniques dans Icesave. En riposte, il a gelé les actifs de Landsbanki en Grande-Bretagne, en utilisant une loi antiterroriste. Une délégation britannique était ce week-end en Islande pour tenter de trouver une solution.
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