L'année 2009 s'annonce très difficile en Allemagne

La récession pourrait être désormais une réalité en Allemagne. La première estimation de la croissance pour le troisième trimestre est en effet attendue ce matin et les économistes tablent en moyenne sur une contraction du PIB de 0,1 %. Comme le recul a été de 0,5 % au deuxième trimestre, la première économie d'Europe pourrait, si les experts ont vu juste, être entrée en « récession technique », un concept qui se définit par une contraction du PIB pendant deux trimestres consécutifs et qui n'avait pas été observé outre-Rhin depuis 2002. Sur un an néanmoins, la croissance resterait de 1 % grâce à un vigoureux premier trimestre 2008.Le modèle économique allemand basé sur la vigueur de ses exportations industrielles est désormais mis à rude épreuve par l'affaiblissement de la conjoncture internationale. Certes, les exportations ont encore progressé de 6,2 % en septembre sur un an, mais leur rythme de progression est désormais inférieur à celui des importations (+ 14,1 %). Du coup, l'excédent commercial se réduit, passant de 18,2 milliards d'euros en septembre 2007 à 15 milliards en septembre 2008. Et sa contribution à la croissance devient donc négative. La demande externe ralentit donc et l'industrie est frappée de plein fouet. En septembre, les commandes de biens d'équipement venus de l'étranger ont reculé de 14 % sur un mois. Globalement, les commandes à l'industrie ont chuté de 8 %, du jamais vu outre-Rhin. Du coup, les usines réduisent leur production (? 3,6 % en septembre sur un mois) et ce n'est pas fini. Dans l'automobile, par exemple, des mesures de chômage technique au début de 2009 ont été annoncées. Dans ce contexte, la consommation des ménages, traditionnellement le point faible de l'économie allemande, pourrait cette fois, atténuer la glissade : le recul des ventes au détail au troisième trimestre a ainsi été moins fort qu'au deuxième, grâce à l'apaisement de la hausse des prix. Mais il n'empêche : tous les indicateurs sont au rouge outre-Rhin et 2009 s'annonce difficile.Sortir de la nasseHier, le conseil des experts (SVR), qui regroupe cinq « sages » chargés de conseiller le gouvernement, a estimé que la croissance l'an prochain devrait être nulle, après 1,7 % cette année. Le gouvernement prévoit encore une progression de 0,2 % en 2009, mais ce chiffre paraît déjà optimiste au regard des prévisions des économistes qui estiment presque tous que le PIB allemand se contractera en 2009. Le FMI prévoit même un recul de 0,8 % qui serait égal à celui enregistré en 1993. Holger Schmieding, chef économiste chez Bank of America, prévoit, comme le SVR, un retournement en milieu d'année, mais il prévient qu'il faudra quoi qu'il arrive attendre que les partenaires commerciaux de l'Allemagne soient eux-mêmes sortis de la nasse.Que faire alors ? Le SVR a hier eu un jugement très dur sur les mesures gouvernementales de soutien à l'activité, les qualifiant de « bric-à-brac de mesures individuelles ». Il a plaidé pour une « politique de croissance adaptée à la conjoncture » qui permettrait de « relancer la demande intérieure » pour compenser l'affaiblissement des exportations. Le SVR réclame ainsi l'injection de 0,5 à 1 % du PIB pour financer des investissements dans les transports et l'éducation ainsi qu'une baisse de l'imposition des entreprises. La situation est si critique qu'il estime même qu'il faut laisser glisser le déficit budgétaire. « Il sera temps de réduire les dépenses ou d'augmenter les impôts par la suite », justifient les « sages ». Des mesures vigoureuses que la grande coalition ne semble aujourd'hui pas prête à prendre.
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