Des prix sans rapport avec les salaires

Une brosse à dents à 4 euros pièce ! En s'installant en Guadeloupe le 31 janvier, le secrétaire d'État chargé de l'Outre-Mer a été choqué. Que dirait Yves Jégo s'il avait pu faire ses courses dans un supermarché ? Une plaquette de beurre coûte plus de 3 euros. Une bouteille d'huile d'olive, 9 euros. La boîte de thon est affichée à 4,20 euros. La fixation des prix des carburants reste un mystère, y compris pour le gouvernement. Une mission interministérielle a déjà dénoncé le système. Le rapport définitif est attendu pour le 15 mars. Mais déjà, Yves Jégo a prévenu les compagnies pétrolières, actionnaires de la Société Anonyme de Raffinerie des Antilles (Sara), en situation de monopole aux Antilles et en Guyane, que « tout pourrait se terminer par une action judiciaire de l'État ». À voir. L'État n'a rien vu venir et ses services sont incapables de justifier le calcul des tarifs pétroliers, fixés par l'administration. Les salaires ne suivent pas. Même si les fonctionnaires perçoivent une prime de « vie chère » de 40 %, sur l'année 2008 le salaire médian est selon l'Insee de 17.083 euros en métropole contre 16.063 euros en Guadeloupe. Et dans le privé, c'est le Smic qui s'impose.Le simple éloignement n'explique pas les prix exorbitants. Au coût d'acheminement d'un conteneur, double du tarif Chine-Europe, s'ajoutent des droits de douanes, l'octroi de mer (vieille taxe coloniale sur l'importation), les coûts des transitaires, de la logistique et des stocks. Les distributeurs et importateurs, appartenant souvent aux mêmes groupes, ne font pas jouer la concurrence. Ces possédants, issus pour la plupart de la même branche familiale de « blancs créoles », tiennent l'économie antillaise. C'est cette « profitasyon » que dénoncent les grévistes. Victorin Lurel, le président (PS) de la région Guadeloupe approuve, lorsqu'il réclame une « diminution des marges bénéficiaires des entreprises ». Pour lui, il « faut rentrer dans la comptabilité parce qu'on a laissé exploser des prix de monopoles et des fortunes insolentes ». Victorin Lurel réclame le retour des inspecteurs de la concurrence et de la répression des fraudes, absents de l'île. Yves Jégo s'y est engagé en promettant un relevé du panier de la ménagère tous les quinze jours. Cela suffira-t-il ? Pas sûr.Les négociations avec la grande distribution sur une baisse de prix de cent produits de première nécessité traînent en longueur. Toute la gouvernance économique est à revoir. Ken Césaire, à Pointe-à-Pitre
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