L'entrepreneur de gauche qui défie Silvio Berlusconi

C'est un entrepreneur italien, propriétaire de médias et entré en politique, ce qui suscite aussi parfois le soupçon de conflit d'intérêts. Silvio Berlusconi ? Non, il s'agit de Renato Soru, 51 ans, l'actuel gouverneur régional de la Sardaigne qui espère être réélu à ce poste ce week-end. Perçu comme le « Cavaliere de gauche », la verve en moins, il ne cache pas ses ambitions politiques nationales. « Si nous gagnons en Sardaigne, il sera possible de battre Silvio Berlusconi, comme l'a fait Prodi par deux fois », explique-t-il. Les deux politiciens se sont en effet livrés à un véritable duel pour ce scrutin, le président du Conseil italien n'hésitant pas à se rendre à plusieurs reprises en Sardaigne pour soutenir son candidat, Ugo Cappellacci. Face à ce dernier, Renato Soru, fondateur et principal actionnaire du fournisseur d'accès Internet Tiscali, réplique le modèle berlusconien « du riche entrepreneur passé à la politique et qui en bouleverse les mécanismes ». Durant la bataille électorale, Silvio Berlusconi a d'ailleurs surtout mis en cause Soru, l'accusant d'être un chef d'entreprise « qui n'a pas réussi à faire fonctionner ses propres sociétés, et donc ne peut se présenter comme celui qui peut soutenir et aider les entreprises de Sardaigne », évoquant les pertes enregistrées par Tiscali. La société pionnière de l'Internet dans la péninsule, fondée en 1997 par Soru, a effectivement mangé son pain blanc du temps de la bulle Internet et accumule les pertes depuis plusieurs années (75 millions d'euros en 2007). Soru procède régulièrement à des recapitalisations, avant sans doute, de la céder à un des grands du secteur.Le gouverneur de Sardaigne peut toutefois faire aussi la leçon au « Cavaliere » sur la gestion des conflits d'intérêts entre affaires et politique. L'an dernier Soru a confié ses 20 % du capital de Tiscali et son journal, « L'Unit࠻, jadis organe du Parti communiste italien (PCI) fondé par Antonio Gramsci, à un administrateur indépendant. Un geste interprété par certains comme modèle « pour une législation nationale et régionale à utiliser pour quiconque serait dans cette situation, à commencer par le président du Conseil », à la tête d'un bien plus grand empire financier? Si Soru l'emporte lundi, alors que les sondages lui sont peu favorables, beaucoup prédisent que ce duel Berlusconi-Soru n'aura été que le premier round d'un combat devant se poursuivre à l'échelle de l'Italie tout entière. Le rôle de chef de la gauche pourrait en effet échoir à Soru, si l'actuel titulaire, Walter Veltroni, devait subir une défaite au scrutin européen de juin prochain.Frank Paul Weber, à RomeRenato Soru candidat aux élections régionales de Sardaigne
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