Paris fait le forcing pour boucler

Au Maroc depuis mercredi dernier, la secrétaire d'État chargée du Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, va tenter aujourd'hui de débloquer le projet de TGV marocain. Au total, ce projet représente un marché de 2 milliards d'euros dont pourraient bénéficier les groupes français Alstom et la SNCF. Lors d'une rencontre avec le ministre des Finances, Salaheddine Mezouar, Anne-Marie Idrac, qui aura déjà rencontré le ministre de l'Équipement et des Transports, Karim Ghellab, pourrait signer un protocole financier concernant l'acquisition du matériel roulant par les Marocains.Dans ce cadre, la France propose ainsi au Maroc un prêt concessionnel, présentant des taux et conditions avantageux, d'un montant de 625 millions d'euros. « Le dossier bloque encore au niveau technique, mais on sait que cela va se faire dans le temps », note-t-on dans l'entourage d'Anne-Marie Idrac. « C'est la méthode de Nicolas Sarkozy et Idrac d'aller sur le terrain quand une affaire de ce type bloque », ajoute-t-il.Outre le nouveau prêt, la France a déjà accordé un don de 75 millions d'euros en 2007 pour financer les études de faisabilité conduites par la SNCF. En outre, 200 millions d'euros seront apportés par l'Agence française de développement (AFD). Au total, la France apporte une réponse pour 900 millions d'euros de financement, soit la moitié de l'estimation du coût du projet. Le Maroc devrait également faire appel à l'Union européenne et à la Banque européenne d'investissement (BEI). « Le Maroc devrait, au final, apporter autour de 500 millions d'euros en propre. Si le TGV est pour eux une priorité, ils arriveront à trouver les fonds », veut croire un conseiller de la secrétaire d'État.Anne-Marie Idrac, qui en profitera pour assurer les ministres marocains du soutien de la France dans un contexte économique mondial difficile, devra vraisemblablement adapter ses propositions aux conditions de Rabat. Le projet de TGV, qui doit relier Tanger et Casablanca sur 500 kilomètres, a fait l'objet, à l'automne 2007, d'un protocole d'accord entre le président de la République française et le roi du Maroc. Jusqu'ici le protocole de financement n'avait pas abouti.Les discussions entre le royaume et Paris remonte à 2003, l'Office national des chemins de fer marocains ayant confié à Systra, filiale commune d'ingénierie de la SNCF et de la RATP, une étude d'une ligne à grande vitesse. Ces discussions avaient été ensuite approfondies en 2005 quand Jacques Chirac, alors président, avait rencontré à Paris le Premier ministre marocain, qui avait exprimé un intérêt officiel pour une ligne à grande vitesse. Driss Jettou avait annoncé la volonté de son pays de se doter d'un TGV. Mais, en octobre 2007, les relations entre Rabat et Paris s'étaient envenimées lorsque le roi Mohammed VI avait donné son accord à l'achat d'avions de combat américains F16 en lieu et place des Rafale (Dassault Aviation), pourtant donnés longtemps favoris. défis techniquesEn compensation, Rabat s'était décidé à accélérer les négociations sur le TGV, Nicolas Sarkozy, très irrité de cet échec, étant prêt à annuler sa visite officielle au Maroc.À très long terme, Rabat envisage même de relier l'Espagne à Tanger, via le TGV. Un projet au coût pharaonique, vraisemblablement plus de 5 milliards d'euros, qui pose pour l'heure des défis techniques que le monde industriel n'est pas prêt à relever. « Un tunnel sous la Méditerranée entre le Maroc et l'Espagne sur 14 kilomètres, on ne sait pas faire, explique l'un des conseillers d'Anne-Marie Idrac au Maroc. Mais, dans cinquante ans, on saura peut-être réaliser des projets inenvisageables aujourd'hui. »
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