La livre sterling dans le tonneau des Danaïdes

Jusqu'où la livre sterling peut-elle s'enliser ? C'est la question que l'on peut légitimement se poser, tant son reflux a été brutal et rapide. La monnaie d'Albion, tout en enfonçant un nouveau record de faiblesse face à l'euro hier à 0,8510, a touché un point bas de six ans et demi face au dollar, s'installant en dessous de 1,50, à 1,4650 au plus bas dans les transactions. Hier, enfant chéri du marché des changes, le sterling avait refranchi en fanfare le seuil de 2 dollars, pour la première fois depuis son humiliante éviction du mécanisme de change du Système monétaire européen en septembre 1992. C'était au printemps 2007. Il allait pousser une pointe jusqu'à plus de 2,10 et valoir deux fois plus que le dollar jusqu'à fin juillet dernier. Depuis lors c'est une descente aux enfers, dont la vitesse dépasse celle qui l'avait entraîné en 1992 de 2 à 1,40. Il avait alors fallu six mois pour que le « câble », le surnom du couple livre?dollar, en souvenir de la première liaison télégraphique sous-marine transatlantique, effectue cet itinéraire. Il l'a déjà parcouru en à peine plus de trois mois. mouvement inéluctableSi l'on extrapolait cette trajectoire, c'est à l'échéance de février 2009 que la livre serait retombée à parité avec le dollar. Cette projection est bien sûr fantaisiste, car le marché des changes fonctionne rarement à sens unique. Mais une chose l'est moins : les économistes anticipent des taux américains et britanniques à parité à cet horizon, alors que le loyer de l'argent pratiqué par la Fed est tombé à 1 %, tandis que celui de la Banque d'Angleterre, même abaissé de 150 points de base la semaine dernière, s'élève encore à 3 %. La poursuite de l'érosion de la livre vers le niveau de 1 pour 1 avec le billet vert semble d'autant plus inéluctable que le dollar a repris l'ascendant sur le marché des changes. On pourrait donc se rapprocher de la situation inédite de 1985 où, alors que la Grande-Bretagne de Margaret Thatcher était secouée par la guerre des Malouines et par une grève des mineurs qui avait tourné au bras de fer avec le pouvoir, la livre avait frôlé ce niveau pour la seule fois de son histoire. Dans une telle hypothèse, on ne peut exclure que les Britanniques commencent à faire les yeux doux à l'euro.
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