Usée, la social-démocratie européenne peine à renouveler son programme

Partout en Europe, à l'exception de la péninsule Ibérique, les partis sociaux-démocrates européens sont sur le recul. Le mouvement socialiste semble usé par les expériences du pouvoir qui ont déçu un électorat populaire se réfugiant dans des partis plus à gauche ou dans des partis populistes de droite. À cela s'ajoute souvent la difficulté de trouver des thèmes de campagne forts, alors que ces partis ont abandonné le modèle de l'État providence.AllemagneLa nomination de Frank-Walter Steinmeier à la candidature pour les élections de 2009 devait clarifier la position du SPD allemand en la recentrant. Mais les sociaux-démocrates sont débordés sur leur gauche par le parti de gauche (Die Linke), qui s'implante de plus en plus à l'Ouest. Le SPD est déchiré entre sa volonté de ne pas effrayer le centre et la tentation de s'appuyer sur la Linke pour gouverner. Au début du mois, quatre députés SPD ont refusé de voter en Hesse pour un gouvernement régional SPD-Verts toléré par la Linke, et ont fait échouer l'expérience. La confusion est d'autant plus grande que, à l'Est, notamment à Berlin, le SPD gouverne déjà avec la Linke. Enfin, le SPD peine à dégager des messages forts dans le cadre d'une grande coalition où il doit consentir régulièrement à des compromis avec son « ennemi » électoral. Le SPD est tombé à 23 % des intentions de vote.AutricheLe SPÖ a subi un recul de 6 points aux élections de septembre. Il a toutefois conservé la direction de la grande coalition.Pays nordiquesDans les pays nordiques, anciens laboratoires de la social-démocratie, seuls les travaillistes norvégiens ont repris le pouvoir en 2005. Ils sont cependant sous la menace en 2009 d'une alliance entre les populistes (près du quart des voix) et la droite traditionnelle. En Suède, les sociaux-démocrates ont réalisé en 2006 leur pire score depuis 1920. Ils sont remontés dans les sondages depuis, mais sont fortement concurrencés sur leur gauche. Au Danemark, les sociaux-démocrates, là aussi concurrencés sur leur gauche, ont subi leur seconde défaite électorale consécutive en 2007.ItalieSept mois après sa sévère défaite aux législatives contre Silvio Berlusconi, le centre gauche italien peine à remonter la pente. Cela est d'autant plus difficile que son renouvellement a déjà été réalisé avec la création, il y a un an, sous la houlette de l'ancien maire de Rome, Walter Veltroni, du nouveau Parti démocrate. Plombée par l'impopularité du gouvernement de gauche Prodi, la « nouveaut頻 Parti démocrate n'a pas payé dans les urnes? : ses 33,2 % des suffrages correspondent aux seules voix de ses deux composantes, les héritiers du Parti communiste italien (PCI) et de l'aile gauche de la Démocratie chrétienne.EspagneJosé Luis Rodríguez Zapatero est l'un des rares dirigeants socialistes à gouverner un grand pays européen. Cela s'explique par l'identification des électeurs au centre gauche, une spécificité que contribuent à expliquer les quarante années d'une dictature franquiste encore assimilée par beaucoup à la droite actuelle. Mais aussi parce que l'actuel chef du gouvernement a réussi à séduire un électorat centriste qui constitue, en Espagne comme ailleurs, le fléau de la balance, face à une opposition conservatrice qui n'avait cessé de se radicaliser durant la législature antérieure. Reste à voir si la donne va maintenant changer avec la crise économique, que, selon Zapatero, les socialistes sont les mieux placés pour combattre tout en veillant, davantage que la droite, à limiter son coût social.R. Godin, à Francfort, F. P. Weber, à Milan, et T. Maliniak, à Madrid.
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