« L'impulsion décisive viendra des États-Unis »

Qu'attendez-vous de la Banque centrale européenne ?Aujourd'hui, une baisse de son principal taux directeur d'un demi-point, ce qui le ramènerait à 2 %. Mais un geste supérieur serait souhaitable. En fait, le taux devrait déjà être proche de zéro car la menace déflationniste se précise. La BCE a été presque constamment en retard depuis le début de la crise, en se permettant même de resserrer son taux en juillet dernier. En 2009, elle devrait tout de même progressivement le ramener à 0,5 %. Elle serait donc mûre pour une politique de taux zéro ?Pas vraiment, si l'on se fie aux déclarations de ses membres. Mais elle prend peu à peu conscience que la politique monétaire par les taux a perdu une grande part de son efficacité. Elle continuera néanmoins à les baisser, car le taux de change effectif de l'euro est trop élevé. Or il n'y a rien de pire qu'une monnaie surévaluée en période de menace déflationniste. Que l'on pense au Japon du début des années 1990. Mais l'essentiel n'est pas là : l'impulsion décisive pour sortir de la crise sera donnée par les États-Unis et pas par la zone euro. Ainsi, c'est la politique quantitative de la Fed (notamment si elle achète des corporate bonds), et non les baisses de taux de la BCE, qui permettra d'impulser une véritable dynamique reflationniste. La zone euro vous paraît-elle en danger ?À moyen ou long terme il existe un véritable risque d'explosion de la zone euro. Dans l'Histoire, aucune union monétaire n'a duré sans union politique. L'Union latine signée à l'origine entre la France, la Belgique, l'Italie, la Suisse et le Luxembourg en 1865 a disparu de fait assez rapidement. De même, l'Union monétaire scandinave mise en place entre 1873 et 1875 entre la Suède, le Danemark et la Norvège et dans laquelle les taux de change des différentes devises étaient fixés par rapport à l'or a pris fin avec la Première Guerre mondiale. Aujourd'hui la multitude des déséquilibres dans certains pays de la zone (déficits extérieurs, dette publique et privée), la récession actuelle et les perspectives très médiocres de croissance future et le niveau trop élevé de l'euro portent en eux-mêmes les germes de la dislocation future de la zone. Propos recueillis par S. R.* Jean-Pierre Petit est directeur de la recherche économique et de la stratégie chez Exane BNP Paribas« À moyen ou long terme il existe un véritable risque d'explosion de la zone euro »
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