Washington peine à faire repartir l'immobilier

Des taux longs qui montent, des prix poursuivant leur chute, des conditions économiques toujours délétères : malgré les efforts déployés par l'administration Obama et la Réserve fédérale, la crise de l'immobilier initiée en 2006 continue à fragiliser la première économie mondiale, menaçant l'ampleur de la reprise anticipée à partir du troisième trimestre.En février, la Maison-Blanche a commencé à investir 275 milliards de dollars pour permettre à neuf millions d'Américains de conserver leur logement. La Fed, elle, a déjà racheté un tiers des 1.250 milliards de dollars de dette hypothécaire qu'elle s'est engagée à reprendre aux spécialistes du refinancement Fannie Mac et Freddie Mae. Mais d'après Bankrate.com, le taux fixe sur les crédits à 30 ans a grimpé de 4,85 % à 5,45 % entre avril et mai, raison pour laquelle les demandes de crédit ou de refinancement chutent à nouveau. La première semaine de juin, elles se sont contractées de 7,2 %.En dépit des moratoires décidés sous l'impulsion du gouvernement, notamment par des banques ayant perçu des aides fédérales comme Bank of America et Citigroup, les saisies de logements effectives se poursuivent aux États-Unis. Le cabinet RealtyTrac en a recensé 276.000 au cours des quatre premiers mois de 2009, contre 861.000 sur l'ensemble de 2008. À la fin du premier trimestre, un ménage américain ayant contracté un crédit immobilier sur huit accusait un retard de paiement ? la première étape d'une procédure de saisie ? ou était menacé d'éviction. Or, compte tenu de la montée du chômage qui a atteint 9,4 % en mai, la moitié des personnes dans cette situation sont considérées par leurs banques comme des clients « prime », en théorie solvables.En avril, le prix de vente médian des logements s'est inscrit à 170.000 dollars, en chute de 26 % par rapport au record de juillet 2006, ce qui explique que plus de huit millions d'Américains se trouvent « sous l'eau », c'est-à-dire que la valeur de leur habitation est inférieure à leur crédit hypothécaire. Analyste chez JP Morgan Chase, John Sim prévient : les modifications de crédits auxquelles ont procédé les banques n'atténueront que marginalement la chute des prix qui, selon lui, atteindra jusqu'à 39 % par rapport au pic de 2006 contre 41 % sans restructuration des emprunts.Dans ce contexte, un sénateur républicain, Johnny Isakson, vient de proposer que le crédit d'impôt de 8.000 dollars proposé par Barack Obama aux primo-accédants passe à 15.000 dollars, et que le plafonnement de revenus annuels inscrit à 150.000 dollars pour les couples souhaitant en bénéficier soit éliminé. D'influents parlementaires démocrates, dont le président de la commission bancaire du Sénat, Christopher Dodd, jugent manifestement que la mesure présentée par Barack Obama au début de son mandat était insuffisante et soutiennent le projet de loi de Johnny Isakson.pessimisme ambiantLes critiques se multiplient à l'égard de la Fed et de son président, Ben Bernanke, dont la politique expansive est accusée de contribuer à la hausse des taux longs. De son côté, Barack Obama bénéficie d'une cote de popularité exceptionnelle : selon Gallup, 67 % des Américains lui sont favorables. Mais l'hôte de la Maison-Blanche avait promis que son plan de relance à 787 milliards de dollars « créerait ou préserverait » trois à quatre millions d'emplois en deux ans. Depuis son adoption en février, seuls 150.000 postes l'ont été. De fait, 51 % de ses compatriotes désapprouvent la politique budgétaire du président. Mais le pessimisme ambiant continue de reculer : pessimistes : l'indice de confiance des consommateurs américains mesuré par l'université du Michigan a progressé en juin pour le quatrième mois de suite, s'établissant à 69,0 points contre 67,8 points en mai.Éric Chalmet, à New YorkÉtats-UnisInfographie2col 50mm
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