Le fonds souverain, l'arme fatale chinoise

« Gardez votre argent, ne vous précipitez pas, il y aura de nombreuses possibilités dans le futur. » Li Rongrong, le directeur de la commission de supervision et d'administration des actifs d'État, qui gère les entreprises publiques nationales chinoises, a prévenu?: les entreprises et les institutions chinoises ne doivent plus investir à cor et à cri à l'étranger. Les opérations réalisées dans l'urgence ont déjà fait perdre beaucoup d'argent à Pékin. Le fonds souverain baptisé China Investment Corporation (CIC) n'est pas le dernier des fautifs. Les principales opérations du fonds, qui avait tant effrayé les capitales et les entreprises étrangères au moment de sa création en septembre 2007, ont mal tourné?: ainsi, les 8 milliards de dollars investis dans le fonds d'investissement Blackstone et dans Morgan Stanley ont fondu à la chaleur de la crise. Deux mauvais placements, qui permettent de se donner une idée du manque de connaissance de la direction chinoise des marchés financiers, même si son directeur, Lou Jiwei, n'est pas le premier venu. Ce technocrate chinois a occupé, entre 1998 et 2007, le poste de vice-ministre des Finances avant d'être nommé à la tête de ce vaisseau spatial financier. Doté d'un capital initial de 200 milliards de dollars, tiré du confortable matelas des réserves de change, le CIC a utilisé un tiers de cette somme pour racheter Central Huijin Investment, l'organisme de gestion des participations de l'État dans les trois grandes banques nationales, puis injecté 39 autres milliards dans China Development Bank et Agricultural Bank of China. Il ne lui restait donc « que » 92 milliards de dollars disponibles, avant ses opérations Blackstone et Morgan Stanley.Quelques mois plus tard, les sénateurs américains, qui s'étaient inquiétés des visées impérialistes du CIC, ont sans doute changé d'avis. « Nous ne sommes pas là pour restreindre les fonds souverains, car ceux-ci pourraient devenir des fonds sauveurs?! » lançait, fin septembre, Peter Mandelson, alors encore commissaire européen au Commerce. Mais les autorités chinoises restent prudentes?: pas question de jouer les pompiers du monde capitaliste quand la relance de l'économie domestique réclame tous les efforts. Comme l'explique Pierre Mirabaud, le président de l'association des banquiers suisses, qui vient de rencontrer les responsables des institutions financières chinoises, « les banques et fonds souverains qui possèdent actuellement des liquidités doivent les garder pour stimuler leur propre économie ».Tristan de Bourbon, à Pékin
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