Airbus pilote à vue en 2009

Il n'y a eu aucun triomphalisme. Les résultats commerciaux de l'année 2008 présentés hier par la direction d'Airbus traduisaient pourtant une belle victoire sur son rival Boeing, puisque l'européen a repris sa couronne en termes de commandes (777 contre 662), tout en creusant l'écart pour les livraisons d'avions (483, un record, contre 375). Le président d'Airbus, Tom Enders n'y a même pas fait allusion, préférant poser une boule de cristal sur la table pour résumer le manque de visibilité auquel il est confronté.L'année 2009 s'annonce très difficile. La chute du trafic aérien et le blocage du marché du financement d'avions menace les livraisons. Celles-ci génèrent l'essentiel du chiffre d'affaires, quand les commandes n'apportent que des acomptes inférieurs à 10 % de la facture. Aussi, si le directeur commercial John Leahy s'aventure à prévoir entre 300 et 400 commandes brutes pour 2009, la priorité est davantage de protéger les livraisons et la trésorerie (sans pour autant remettre en cause le développement de l'A350 pour lequel l'investissement s'élèvera cette année à un milliard d'euros). « Nous espérons maintenir en 2009 le même niveau des livraisons qu'en 2008 », a indiqué Tom Enders. Ceci grâce à une bonne gestion du portefeuille de livraisons (anticiper les reports, attribuer les créneaux de production à d'autres compagnies...) et en apportant un coup de pouce à celles qui ont du mal à boucler leur financement. Airbus en a les moyens. Il contribue largement aux 9 milliards d'euros de trésorerie dont dispose sa maison mère EADS.Aucun montant n'a été donné. Mais Airbus pourrait dégager au moins 2 milliards d'euros. Mais certainement pas 5 à 6 milliards d'euros, somme que l'avionneur s'affirme capable de mobiliser. Il compte surtout sur les agences de crédit à l'export pour garantir les transactions et persuader les banques d'accorder à nouveaux des prêts aux compagnies. Selon le directeur commercial du constructeur, John Leahy, « 50 % de la production pourrait être financée grâce au soutien des agences de crédit à l'export ». Enfin, le recours accru aux compagnies de leasing est également une solution pour les compagnies aériennes. Cette volonté de protéger les livraisons passe aussi par un soutien à certains petits sous-traitants en difficultés, notamment en les aidant à se regrouper à travers le fonds d'investissement Aerofund, créé en juillet avec Safran et la Caisse des dépôts.mieux armé avec power 8C'est le scénario optimiste. D'autres le sont beaucoup moins. Si la crise devait être beaucoup plus violente, Airbus s'estime préparé. « Nous sommes mieux armés qu'il y a deux ans grâce au plan Power 8 que nous avons lancé fin 2006 et qui nous a permis d'économiser 1,3 milliard d'euros en 2008 », assure le directeur général d'Airbus Fabrice Brégier. De plus, si une baisse des cadences devait pousser à des ajustements d'effectifs, la direction estime disposer d'un volant de sécurité à travers les 25.000 sous-traitants et intérimaires qui travaillent dans ses usines. le dossier a400MComme s'il n'avait pas assez de défis à relever, l'avionneur vient d'hériter de l'épineux dossier A400M, l'avion de transport militaire, qui multiplie les retards. Et a entraîné pour EADS un surcoût de 1,7 milliard d'euros au cours des deux derniers exercices.Tom Enders a été clair. Les dispositions du contrat (tant en termes d'indemnités que d'organisation) signé avec les États clients expliquent ce désastre. Il serait irresponsable de continuer dans la configuration actuelle », a-t-il dit. Il estime incontournable une remise à plat des modalités contractuelles. n protéger les livraisons passe aussi par un soutien à certains petits sous-traitants en difficultés.
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