Le sommet du G20 s'annonce faible en réformes

L'apparence d'unité avait été étudiée avec soin. Entre les murs en fausses pierres d'un manoir de Horsham, dans le sud de l'Angleterre, les ministres des Finances du G20 ont tout fait ce week-end pour présenter un front commun. La photo de famille était souriante, les points d'accroche étaient gommés et les ministres français et allemand ont tenu une conférence de presse commune. Les vingt pays, qui représentent 85 % du PIB mondial, ont donc su mettre de côté leurs différends. L'écart entre les Américains, qui demandent plus de relance, et les Européens, qui préfèrent s'attaquer aux réformes réglementaires, s'est nettement réduit? On a repoussé le problème à plus tard. Pour l'instant, les deux blocs sont d'accord pour se concentrer sur l'exécution des plans de relance déjà annoncés, et le FMI devra remettre un rapport sur leur efficacité. « La relance budgétaire que nous avons mise en ?uvre n'a pas encore eu d'effets sur le terrain », argumente la chancelière allemande, Angela Merkel, qui, par ailleurs, rencontrait samedi Gordon Brown. Cette dissension étant aplanie, des accords de principe sur la réforme réglementaire ont été trouvés. « C'est une percée », se félicite Christine Lagarde, la ministre française des Finances. Concrètement, le communiqué commun de ce week-end affirme que « toutes les institutions financières d'importance systémique [devront] être régulées et surveillées de manière appropriée » ; les hedge funds devront être enregistrés ; la régulation financière devra « viser à limiter les effets de levier » ; les éléments « hors bilan » devront être affichés dans la « transparence totale ». Gordon Brown, le Premier ministre britannique, a ajouté hier que le régulateur britannique, la FSA, devrait être renforcé.DissensionsMais derrière ces avancées de principe, certes importantes, le détail concret des mesures est loin d'être réglé. À tel point que tous avertissent désormais que le sommet du 2 avril à Londres ne sera pas le « big-bang » annoncé. « Le 2 avril n'est qu'une étape », prévient Christine Lagarde. Même sur la hausse des ressources du FMI, où un accord semble relativement proche, les dissensions sont apparues au grand jour. Tous sont d'accord pour affirmer que l'institution internationale a besoin d'augmenter ses ressources de façon « substantielle » afin de pouvoir aider plus de pays. Mais la réunion de ce week-end n'a pas débouché sur un objectif chiffré pour ces ressources. La Chine, l'Inde, le Brésil et la Russie, qui sont censés mettre la main à la poche en échange d'une hausse de leurs droits de vote, ont même jeté un froid en publiant un communiqué conjoint : ils exigent un « engagement fort envers la réforme de la gouvernance du FMI, avec des dates claires et une feuille de route ». « Ce sera aux chefs d'État de trancher », estime Alistair Darling, le ministre britannique de l'Économie. Il reste maintenant un peu plus de deux semaines aux principaux leaders du monde pour mettre de la chair sur le squelette de réforme préparé ce week-end. La tâche s'annonce gigantesque. n Geoff Caddick/AFP
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