Spectaculaire dégradation de l'emploi ? au Japon

Les statisticiens japonais se rappelleront longtemps de mars 2009. Selon le gouvernement, le nombre de pertes d'emplois a littéralement explosé, atteignant 620.000 postes sur cette période ; soit la moitié de la totalité des emplois perdus depuis décembre 2007, au moment où le taux de chômage était à un plus-bas historique. Jusqu'ici, les plus fortes vagues de suppressions d'emplois n'avaient jamais dépassé 200.000 postes par mois dans l'archipel. « Le nombre d'emplois est déjà en baisse de 2 % par rapport à 2000, et il se rapproche du plus bas niveau atteint lors de la dernière récession », remarque l'économiste Richard Katz. Cette dégradation spectaculaire s'accompagne d'une forte baisse des salaires de ceux qui ont un emploi. Hier au bord de la pénurie de main-d'?uvre, le Japon est aujourd'hui en situation de suremploi, et les salariés ont perdu tout pouvoir de négociation sur leur rémunération. La situation est particulièrement dramatique dans le secteur manufacturier, où les salaires ont reculé de 6 % en mars. Ce renversement des rapports de force patrons-salariés pèse un peu plus sur la demande intérieure, déjà atone, et crée de la déflation. « La consommation baisse déjà en anticipation d'une baisse des revenus », remarque Richard Jerram, de Macquarie Securities.le travail se fait rareSurtout, la chute brutale enregistrée en mars marque peut-être une évolution de fond des entreprises japonaises. Celles-ci profitaient jusqu'ici de la très grande flexibilité des rémunérations (jusqu'à 40 % du salaire peut être constitué de bonus) pour amortir le choc d'un ralentissement économique en recourant au partage de l'activité. Ainsi, depuis un an, le nombre d'heures de travail baisse à un rythme bien plus élevé que celui des suppressions d'emplois. Au premier trimestre de 2009, le nombre d'heures travaillées a encore chuté de 3,2 %. Dans l'automobile, la semaine de travail ne dure plus que trois jours chez certains constructeurs. L'envolée du nombre de pertes d'emplois signifie peut-être que le partage du travail a atteint ses limites. Et que le Japon se résigne, lentement mais sûrement, à voir un taux de chômage rejoindre celui des autres pays industrialisés. L'économiste en chef de MUFG, Nobuyuki Saji, par exemple, table sur un taux de chômage à 6 % en mars 2010. Régis Arnaud, à Tokyoceux qui ont un emploi voient leur salaire baisser fortement.
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