Comment l'iPhone et Android ont fait plier NTT Docomo

Si vous ne pouvez les battre, mettez-vous de leur côté ! Tel semble être le nouveau credo de NTT Docomo, le premier opérateur de téléphonie mobile au Japon, face à Android, le système d'exploitation « ouvert » développé par Google. La filiale de l'opérateur historique a lancé, le 10 juillet dans l'archipel, un téléphone mobile à ses couleurs avec le système d'exploitation Android. Or ce lancement, anodin pour un opérateur mobile européen ou américain, est une remise en question complète pour NTT Docomo.Android est l'antithèse du modèle « ferm頻 de l'i-mode qui a fait l'extraordinaire succès de l'opérateur japonais. I-mode est une plate-forme de services payants avalisés par NTT Docomo, qui se rémunère sur une commission prélevée à chaque visite d'un site. En revanche, Android, utilisable gratuitement par tous les fabricants de terminaux, est d'abord une porte d'entrée vers les applications du premier portail Internet mondial ; bref, elle n'offre aucune perspective de revenus, en elle-même, pour un opérateur. « Mais pourquoi sortent-ils ce modèle ? » s'interroge tout haut le représentant à Tokyo d'un grand opérateur européen ? Un des concepteurs du nouveau terminal chez NTT Docomo répond : « On le sort parce que nous n'avons pas le choix. Parce qu'une grande vague arrive, et que nous devons la prendre sous peine de sombrer. »l'exception japonaiseLa « vague » dont parle cet ingénieur est celle des nouveaux modèles commerciaux d'Android et d'Apple qui débarquent dans l'archipel et chamboulent l'industrie nationale du mobile dans son pré carré. Opérateurs et équipementiers nippons ont raté leur sortie du Japon depuis dix ans. Ni les fabricants ni les opérateurs ne se sont imposés, assistant stupéfaits aux progrès formidables de Samsung et LG. Mais au moins les Japonais restaient-ils encore maîtres sur leurs terres. Cela n'est plus vrai. L'arrivée de l'iPhone d'Apple (on parle de 1 million d'unités vendues depuis juillet 2008), puis d'Android, les oblige à réagir.Ces évolutions sont un défi à l'écosystème du mobile japonais, où l'opérateur est roi. « Nous sommes dans le seul pays au monde où c'est l'opérateur qui annonce les sorties de terminaux, et qui dicte ses conditions aux fabricants », note un analyste. Cette hégémonie est battue en brèche par le modèle de l'iPhone, modèle certes fermé à la façon de l'i-mode, mais où c'est le fabricant de terminaux qui a le pouvoir. Et par Android, cheval de Troie de Google. Mais les fabricants de terminaux japonais sont peut-être plus menacés encore.Sous la coupe des opérateurs, ils ont toujours répondu fidèlement à leurs moindres spécifications, créant des terminaux trop complexes et trop coûteux pour l'exportation. Aujourd'hui, à un moment où le marché rétrécit, même leurs clients japonais risquent de les délaisser. Android et évidemment iPhone sont des modèles qu'ils ne maîtrisent pas. Affront suprême : le terminal Android lancé par NTT Docomo vendredi ne sort pas d'une usine japonaise, mais taiwanaise, fabriqué par HTC. « Nous espérons que des fabricants japonais aussi développeront des portables Android », a déclaré Ryuji Yamada, le directeur général de NTT Docomo, à la presse.
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