L'école allemande de la neutralité

« Il faut respecter l'objet tel qu'il est, tel qu'il apparaît? Se forcer à garder une sorte de neutralité. » C'est ainsi que Bernd et Hilla Becher définissent leur travail photographique. Un manifeste dont ils scelleront les bases dans l'école qu'ils créeront à Düsseldorf. Et d'où vont sortir tous les artistes qui bouleverseront le champ photographique, comme le raconte l'exposition présentée au Musée d'art moderne de la ville de Paris.Au départ, les Becher se servaient de la photographie comme d'un instrument de travail qui les aidait à dessiner. Nous sommes dans les années 1950. L'Allemagne se reconstruit dans un monde industriel en pleine (r)évolution. Le couple va immortaliser tout ce qui est amené à disparaître : châteaux d'eau, usines désaffectées, silos à grains, tours? Des « Sculptures anonymes », comme ils les appellent et dont ils constituent une mémoire. Leurs images sont plates, sans jugement subjectif, dépourvues de tout artifice. On retrouve chez eux la neutralité, la banalité qui traduit sans psychologie l'état du monde et de ceux qui l'habitent. C'est à ce niveau de réflexion qu'il faut aborder cette exposition qui regroupe des photographes célèbres et d'autres inconnus, mais tous enfants des Becher.Sigmar Polke et Gerhard Richter, deux artistes qui utilisent la photographie pour donner à leurs compositions une autre réalité à travers le montage ou le collage, ouvrent ici le bal. Chacun à sa manière tente d'épuiser la banalité inhérente à l'image choisie. le plus cher du mondeEnsuite, c'est un parcours où le regard s'accroche aux visions froides et sans émotions volontaires d'artistes comme Hans-Peter Feldmann, Elger Esser, l'un travaillant sur la photocopie, l'autre une certaine idée de la mélancolie. Bien sûr, il y a Andreas Gursky, le photographe le plus cher du monde, et ses vertiges d'images spectaculaires, immenses et désincarnées. Thomas Ruff et ses paysages porteurs d'apocalypse. Tous messagers de cette « objectivit頻 qui nous fait regarder la vie autrement.nJean-Louis Pinte« Objectivités » au Musée d'art moderne de la ville de Paris, 11, av. du Pdt-Wilson, 75016 Paris. Tél. : 01.53.67.40.00. Jusqu'au 4 janvier.
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