Les laboratoires vétérinaires à la peine

« L'année 2009 sera extrêmement difficile », prévient Jean-Louis Hunault, président du SIMV (Syndicat de l'industrie des médicaments vétérinaires). Ainsi, les chiffres publiés ce matin par l'AIEMV (association de la profession) font état d'un brutal ralentissement de la croissance du secteur : 2,5 % en 2008, contre 7,6 % en 2007. « Pour le mois de janvier 2009, le recul atteint même ? 6 % à ? 7 % par rapport à 2008 », précise Jean-Louis Hunault. En fait, l'AIEMV tient compte, en plus des médicaments vétérinaires, des produits connexes (hygiène, compléments nutritionnels, etc.). « Pour sa part, le chiffre d'affaires 2008 des industriels du médicament devrait être stable, à environ 780 millions d'euros », indique Jean-Louis Hunault.« en dents de scie »Ce coup de frein est essentiellement dû au segment des animaux de compagnie (35 % du marché), qui a souffert des craintes de baisse du pouvoir d'achat. Contrairement à la santé humaine, aucun soin n'est obligatoire pour les chiens et les chats. « Un propriétaire emmène traditionnellement son animal trois fois par an chez le vétérinaire. Ce chiffre est en train de tomber à une à deux fois », estime Dominique Henryon, directeur général délégué de Vétoquinol (234 millions d'euros de chiffre d'affaires). Les animaux d'élevage sont en partie épargnés par ce phénomène, car un certain nombre de contrôles (vaccinations, etc.) sont obligatoires.Face à cette conjoncture morose, les industriels se veulent pourtant encore sereins. Notamment parce que, très internationalisés, ils peuvent compter sur la dynamique des pays émergents, Inde et Chine en tête. « Nous restons relativement immunisés contre la crise », veut croire Éric Marée, président de Virbac (440 millions d'euros de chiffre d'affaires, dont 80 % à l'étranger), numéro huit mondial dont l'activité a crû de 5,7 % l'an dernier (à périmètre et taux de change constants). « Notre activité de ce début d'année est en dents de scie mais demeure en légère croissance », indique-t-on chez Merial, coentreprise entre Merck et Sanofi-Aventis, et leader en France (213 millions d'euros de ventes dans l'Hexagone). En effet, la santé animale possède des atouts certains par rapport aux médicaments humains : quasi-absence de génériques ? le périmètre est trop petit et trop fragmenté ? et prix de vente libres. « Nous comptons passer cette année des hausses de prix de 3 % à 3,5 % sur la plupart de nos marchés », souligne Dominique Henryon chez Vétoquinol. De quoi permettre au groupe de tabler sur un niveau de marge opérationnelle « égal aux exercices précédents, entre 11 % et 12 % ». AUDREY TONNELIER
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