L'accord sur le temps de travail essuie une fin de non-recevoir chez Sogessur

Les conditions semblaient réunies chez Sogessur pour mettre en ?uvre le fameux slogan « travailler plus pour gagner plus ». Cette filiale d'assurance dommages de la Société Générale compte 350 salariés, essentiellement des jeunes (32 ans de moyenne d'âge soit 10 ans de moins que dans le secteur), recrutés débutants et très faiblement syndiqués. Interrogés à l'automne sur leur adhésion à de nouveaux « cycles de travail », ils s'y étaient, selon la direction, montrés en grande majorité favorables. Pourtant, lorsque le texte modifiant l'accord sur les 35 heures leur a été soumis par référendum le 28 janvier dernier, en vertu de l'obligation légale, ils l'ont rejeté à 63 %.dans les limitesLes aménagements horaires étaient de grande ampleur. Le nombre maximum d'heures supplémentaires « de 70 heures (contingent existant dans la convention collective assurance) était porté jusqu'à 220 heures rémunérées », indique la CFDT fermement opposée au texte, seul syndicat présent jusqu'en décembre 2008. « Si on avait accepté cette modification, nous aurions mis en danger la convention collective de l'assurance », estime Marie-Pierre Sauret, secrétaire générale de la branche CFDT assurances en Ile-de-France. Un argument réfuté par Sogessur qui affirme être resté dans les limites juridiques autorisées. Par ailleurs, le texte rejeté par les salariés prévoyait la suppression de deux jours de repos hebdomadaire consécutifs. « Cette disposition est contraire à la convention collective car elle s'appliquait à tous alors qu'en principe un salarié peut renoncer à ses deux jours consécutifs seulement sur la base du volontariat », indique Marie-Pierre Sauret. Chez Sogessur, cette initiative est justifiée par les pointes d'activité du samedi et du lundi qui nécessitent la présence d'un plus grand nombre de salariés. Le choix d'imposer le mercredi comme deuxième jour de repos aurait été par ailleurs favorable aux parents d'enfants en âge scolaire, selon la direction. manque d'expériencePour la CFDT, le jour de repos doit être choisi librement par chaque salarié. De plus, « le travail du samedi nécessite un accord d'entreprise qui doit prévoir une compensation, en général du temps de récupération supplémentaire », ce qui n'était pas inscrit dans le texte soumis au vote des salariés, ajoute le syndicat. Qualifiant ces mesures « d'excessives », ce dernier a des mots très durs à l'encontre de l'assureur, évoquant un « dumping social qui constitue une concurrence déloyale ». La virulence de cette réaction s'explique par le fait que la CFDT, organisation la plus représentative dans l'assurance avec 42 % des voix au plan national, redoute une montée des remises en cause des accords sur les 35 heures, en particulier dans les sociétés de taille moyenne où elle constate « des attaques très fortes des directions ». De son côté, le bancassureur se dit étonné du résultat du référendum survenu quatre jours après la tempête Klaus. Il indique avoir agi « dans l'intérêt des collaborateurs de Sogessur et dans le but d'améliorer le service à la clientèle ». La jeune filiale d'assurance paie sans doute le manque d'expérience des salariés parties prenantes aux négociations du fait de l'implantation syndicale très récente dans l'entreprise. Avant de relancer des négociations sur le temps de travail, elle devra attendre les prochaines élections du personnel en novembre. D'ici là, l'ancien accord sur les 35 heures datant de 1999 continuera de s'appliquer. Séverine Sollier
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