Les banques européennes ont seulement purgé la moitié de leur peine

CRISeL'impression donnée par l'évolution des marchés ces dernières semaines est trompeuse. Les institutions financières sont loin d'en avoir fini avec la crise. Dans son dernier rapport sur la stabilité financière, la BCE estime que les banques de la zone euro devront encore faire face à 283 milliards de dollars de dépréciations d'actifs en 2009 et 2010. De quoi porter le montant total des dépréciations depuis le début de la crise à 649 milliards de dollars. Un chiffre presque optimiste : en avril dernier, le FMI avançait, lui, la somme de 904 milliards de dollars.Selon la BCE, seulement un tiers du total de ces dépréciations sont dues aux actifs toxiques. Les deux autres tiers sont liés aux créances douteuses. Autrement dit, après avoir affronté la tempête financière, les banques doivent maintenant faire face à la détérioration de l'environnement économique. « La contraction de l'activité et des perspectives de croissance moindres ont entraîné une érosion supplémentaire des valorisations de marché d'une large gamme d'actifs », lit-on dans le rapport.« La récession entraînera des pertes opérationnelles significatives pour plusieurs institutions financières en 2009 et au-del࠻, renchérissent les analystes de Standard and Poor's. Les provisions pour pertes de crédit des 50 plus grandes banques européennes ont déjà doublé en 2008 pour atteindre un total de 128 milliards d'euros. En 2009, elles devraient dépasser les 180 milliards d'euros, indique l'agence. Conséquence : plus de la moitié des notes des grandes institutions financières européennes pourraient bientôt être dégradées, signale Standard and Poor's.Moody's, elle, est déjà passée à l'action. Lundi, l'agence a jeté un froid en abaissant les notes de 25 banques espagnoles. « La situation économique se dégrade plus vite que prévu en Espagne et les portefeuilles de prêt des banques sont directement affectés », explique un analyste. La proportion de créances douteuses dans le bilan des banques espagnoles est passée de 0,9 % en 2007, à 3,37 % en 2008 puis 4,27 % à la fin du premier trimestre 2009.Hier, d'ailleurs, les financières ont fait l'objet de prises de bénéfices. Et l'annonce par la banque grecque, National Bank, d'un projet d'augmentation de capital pouvant aller jusqu'à 1,25 milliard d'euros est venue rappeler aux investisseurs les besoins de recapitalisation du secteur.aux états-unis aussi...Si les aides publiques ont renforcé la capitalisation des banques, elles ne les mettent pas totalement à l'abri. Ainsi, les institutions financières du Benelux ont beau avoir des ratios de fonds propres proches de 10 %, ceux-ci pourraient être entamés si la crise se prolonge, prévient l'agence de notation Fitch. Ces banques sont en outre très sensibles à la dégradation de la situation en Europe centrale où elles sont particulièrement exposées.Dans leur malheur, les institutions financières européennes ne sont cependant pas seules. Selon l'ABA (association américaine des banques), les banques américaines ne sont pas au bout de leurs peines. Le taux d'impayés sur les crédits aux particuliers, après un pic à 5,2 % cette année, ne redescendrait qu'à 4,9 % l'année prochaine. Celui sur les crédits aux entreprises, passerait de 3,3 % en 2009 à 3,6 % en 2010. Sophie Rolland
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