Les finances des PME fragilisées, l'investissement est en panne

Malmenées par une crise sans précédent, les petites et moyennes entreprises françaises ont visiblement du mal à digérer la façon dont leurs donneurs d'ordres ont géré leur trésorerie ces derniers mois. Un constat, d'abord : les grands groupes français, en renégociant les contrats avec leurs fournisseurs ont souvent pris de court leurs partenaires français. Selon Yvon Jacob, président du Groupe des fédérations industrielles, « les PME ont servi d'amortisseurs à leurs donneurs d'ordres. »« effet de ciseau »Ces grands groupes, qui peuvent prévoir un à deux mois à l'avance l'état de leur trésorerie, ne préviennent parfois leurs fournisseurs de l'arrêt des commandes que huit jours en avance? » Ces PME sont ainsi mises devant « le fait accompli » et cela se termine parfois par un « effet de ciseau » : parallèlement à la baisse de leur activité, les PME doivent finir de payer leurs approvisionnements, tout en voyant leur cash fondre comme neige au soleil. En juin dernier, 28 % des patrons de petites et moyennes entreprises déclaraient rencontrer des « problèmes de trésorerie », selon le baromètre Ifop réalisé en partenariat avec la CGPME. On y apprenait également que deux sur trois déclaraient être en situation de besoin de financement.Si 47 % des petits patrons envisagent de réexaminer leur trésorerie (baromètre Ipsos LCL-« La Tribune » juin 2009), certaines mesures leur ont néanmoins donné un peu d'oxygène, comme les reports de paiement de charges patronales accordés au cas par cas par l'Ursaff, qui se sont multipliés cette année. Ou le raccourcissement des délais de paiement introduit par la loi de modernisation de l'économie, particulièrement bien appliquée dans le secteur automobile, selon Yvon Jacob.Mais, selon lui, « le pire reste à venir, car la reprise de l'activité va augmenter les besoins en fonds de roulement. Or, il est évident que les banques ne vont pas prêter quand elles le devront. » René Ricol, médiateur du crédit, ne partage pas cet avis : « Ce discours ne se vérifie pas. Aujourd'hui, les banques jouent le jeu, même sur des dossiers complexes. » René Ricol pointe plutôt les « grands donneurs d'ordres », contre qui les patrons de PME, rencontrés lors de réunions en France, tempêtent parfois avant de se raviser par peur des représailles. Le médiateur s'étonne du peu de dossiers d'avenir qu'il doit traiter : « La réalité du terrain, c'est que nous ne recevons pas assez de demandes d'investissement. » Selon lui, on s'oriente plutôt vers des dossiers alliant besoins de capitaux propres et emprunts bancaires. Il a d'ores et déjà annoncé pour la rentrée la création d'un fonds de plus de 200 millions d'euros pour l'investissement des PME. Thibaut Pézeratles pmes sont souvent mises devant « le fait accompli » par leurs clients.
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