La crise financière fait vaciller la Russie

La crise financière commence à sérieusement affecter les fondations de la maison Poutine. Le retour de la Russie sur la scène internationale ces dernières années doit beaucoup au redressement spectaculaire de son économie portée par l'envolée des cours des matières premières. Mais le miracle russe pourrait tourner court. Assèchement des liquidités bancaires, difficultés des grands groupes à se refinancer sur les marchés de capitaux, effondrement des cours du pétrole... La chute de 61 % du RTS, l'indice phare de la Bourse de Moscou, depuis son sommet de mai 2008, est l'illustration la plus spectaculaire de la grave crise de confiance que traverse le pays.Dans un accès de sincérité, le libéral ministre des Finances, Alexeï Koudrine, a qualifié lundi dernier d'optimistes les prévisions du FMI sur la croissance russe à 5,5 % en 2009 après 7 % en 2008. " Les deux prochains mois vont nous donner une image claire de ce qui nous attend. " Les entreprises ne doivent pas souffrir de " famine financière " et le gouvernement prendra les mesures nécessaires pour s'assurer qu'elles obtiennent des prêts, a assuré hier le président russe.Un plan d'allocation de 200 milliards de dollars en prêts et en allégements fiscaux est prévu, dont 50 milliards de dollars destinés à refinancer les crédits obtenus à l'étranger par les entreprises russes. La Banque de développement (100 % publique) est chargée d'attribuer ces fonds. Pas moins de 35 sociétés et de 20 banques y ont déjà fait appel. Le plafond de l'aide est fixé à 2,5 milliards de dollars par société et les demandes sont examinées dans un délai de dix-huit jours.La Banque centrale de Russie abrite les troisièmes réserves de change au monde après la Chine et le Japon. Mais les groupes russes ont privilégié l'endettement extérieur, les emprunts contractés atteignant la somme de 360 milliards de dollars. Le patron de Basic Element, Oleg Deripaska, a cédé la semaine dernière 20 % du groupe canadien Magna et ces jours-ci quelque 10 % du groupe de BTP allemand Hochtief.La télévision et les journaux populaires russes continuent d'affirmer que la Russie est à l'abri de la crise mondiale. Mais dans les cuisines russes, on ne parle que de ça. Depuis début août, la Banque centrale russe (BCR) a vu ses réserves de changes fondre de 67 milliards de dollars pour retomber à 530,6 milliards de dollars. Rappelant les heures les plus sombres de la transition, la BCR intervient massivement sur les marchés des changes pour prévenir une chute brutale du rouble attaqué par les spéculateurs qui prévoient un effondrement de la devise.L'EQUILIBRE BUDGETAIRE MENACE La chute des cours du pétrole constitue une menace encore plus sérieuse pour l'économie russe. Le baril d'oural, le pétrole de référence en Russie, est passé sous les 70 dollars, la barre fatidique sous laquelle le budget 2009-2011 devient déficitaire. Une bonne moitié du budget repose en effet sur la manne pétrolière, dont un quart pour le seulGazprom, numéro un mondial du gaz. Dépositaire d'un cinquième des réserves mondiales de gaz, Gazprom vaut désormais moins de 100 milliards de dollars en Bourse.Le ministère des Finances réagit à la baisse du pétrole avec stoïcisme, rappelant que le budget 2008 a été calculé sur la base d'un baril moyen entre 90 à 95 dollars. En revanche, le budget russe - établi sur trois années - subira probablement des modifications significatives dès 2009. L'État russe prélève 85 % des profits des groupes pétroliers, mais a commencé à revoir sa politique fiscale cet été à cause de la chute des cours.
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