Les banques privées dans la tourmente

La nervosité monte tout en restant circonscrite à une poignée de banques. Hier, Globex, une banque de taille moyenne, a décidé de bloquer pour cinq jours toute fermeture de compte. Bien qu'apparemment illégale, la décision n'a pas été suivie de sanction par la Banque Centrale de Russie (BCR). Mercredi soir, c'était GazpromBank, le bras financier de Gazprom, qui prenait pour " une somme symbolique " 100 % de Sobinbank, 40e banque russe en termes de capitalisation propre (221 millions d'euros). Une " vieille " banque fondée en 1996 et qui avait honorablement survécu à la crise de 1998. Sobinbank, qui était évalué à 560 millions de dollars avant la crise et ne s'était pas endetté à l'étranger, a été victime d'un exode des dépôts individuels tout au long du mois de septembre. Victime aussi d'un climat extrêmement tendu. Le taux interbancaire Overnight oscille entre 8,6 % et 11 % ces derniers jours. C'est la 3e banque après KIT Finance et Svyaz Bank à passer sous le contrôle d'un groupe d'État. KIT Finance a été racheté par les Chemins de Fer Russes (RJD) et Svyaz Bank par la Banque de développement.LE SOUVENIR DE 1998En Russie, une crise démarre habituellement par une ruée de la clientèle sur une ou plusieurs banques. Le relatif flegme observé actuellement s'explique davantage par un blocus complet de l'information que par la confiance de la population. Les chaînes télévisées et les journaux à grand tirage évitent soigneusement d'exposer les problèmes du secteur bancaire russe alors que les grands titres vont au " désastre du capitalisme américain ". Les statistiques de la Banque centrale de Russie (BCR) montrent cependant depuis septembre un exode des dépôts depuis les banques privées vers les banques publiques. Et pour cause, les dépôts chez ces derniers sont entièrement à l'intérieur du périmètre de sécurité puisqu'ils sont garantis par l'État. La crise financière de 1998 qui a vu la faillite de nombreuses banques russes emportant avec elles les économies de millions de Russes, sont encore dans toutes les mémoires.Les réserves de change sont ponctionnéesLe 8 août dernier, la Banque de Russie annonçait que ses réserves de change avaient atteint le record absolu de 597,5 milliards de dollars, les plaçant au troisième rang mondial derrière celles de la Chine et du Japon. Cette manne ne s'élève plus aujourd'hui qu'à 530,60 milliards, soit une baisse de 66,9 milliards de dollars en deux mois. Voilà ce qu'a coûté la défense du rouble dans un contexte où les capitaux étrangers fuient la Russie. C'est l'illustration de la vitesse à laquelle les polices d'assurance par temps calme que constituent les réserves de changes peuvent s'assécher dès lors que la crise s'installe. I. C.
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