Ipsen à la conquête de l'Amérique

Nous avions structuré solidement ces opérations et tout s'est déroulé selon nos plans. " Les propos sereins confiés à La Tribune par Jean-Luc Bélingard, président d'Ipsen, tranchent avec la morosité économique ambiante. À l'heure où la raréfaction du crédit et les soubresauts boursiers remettent en cause nombre de stratégies de développement, Ipsen annonce ce matin la finalisation de l'acquisition de Tercica pour 404 millions de dollars (environ 300 millions d'euros). Il détenait déjà 25 % de la société américaine spécialisée dans l'endocrinologie. Cette opération est non négligeable à l'échelle du laboratoire familial qui a réalisé l'an dernier 920 millions d'euros de chiffre d'affaires. Elle avait de plus été jugée cher payé au moment de son annonce en juin : elle faisait ressortir une prime de 100 % sur le cours de Tercica. " Son financement, réalisé sur fonds propres et par endettement, avait été organisé avant la crise, en renégociant une ligne de crédit de 300 millions d'euros dans de bonnes conditions, précise Jean-Luc Bélingard. Nous terminerons donc l'année 2008 avec une trésorerie nette positive. "Assurer l'aspect financier était d'autant plus crucial que l'opération marque un tournant stratégique pour Ipsen. Elle lui ouvre un accès commercial direct au marché américain - il n'y possédait jusque-là qu'un centre de recherche. " Cette opération nous permet de consolider l'intégralité des ventes de la Somatuline [hormone contre les troubles de la croissance, Ndlr] lancée début 2008 aux États-Unis. Nous visons un chiffre d'affaires américain global de 300 millions de dollars (220 millions d'euros) en 2012 et de 1 milliard à l'horizon 2020 ", rappelle le dirigeant.L'annonce de ce matin fait suite à la finalisation en juillet de deux opérations plus modestes dans le pays : le rachat de la filiale américaine de neurologie du britannique Vernalis et les actifs d'Octagen en hématologie. Au total, Ipsen aura déboursé 490 millions de dollars (près de 376 millions d'euros), avec la perspective de commercialiser directement quatre produits sur le premier marché pharmaceutique mondial : la Somatuline et l'Increlex de Tercica, l'Apokyn (maladie de Parkinson), de Vernalis et enfin le Dysport (torticolis spasmodique), déjà vendu en Europe, et dont l'examen par la FDA doit s'achever le 28 décembre. De quoi justifier aux yeux des dirigeants la chute temporaire de la rentabilité : la marge opérationnelle d'Ipsen devrait tomber à 19 % en 2009 et ne retrouver son niveau de l'an dernier (22,7 %) qu'en 2011.
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