Nouveau retard en vue pour l'EPR finlandais d'Areva

Un " défi. " C'est le mot employé par Areva et son client l'électricien finlandais TVO pour évoquer le calendrier actuel de l'EPR en construction depuis 2005 sur la presqu'île d'Olkiluoto. Si officiellement sa mise en service est prévue en 2011, deux ans après le démarrage initialement fixé à 2009, sur place, un nouveau décalage d'au moins un an ne fait aucun doute.Le génie civil doit s'achever mi-2009. La phase de montage qui débute à peine est planifiée sur deux ans, les éléments principaux du réacteur devant être livrés de fin 2008 à fin 2009. Puis un an au moins doit être consacré aux essais avant le raccordement au réseau. Du côté d'Areva, on préfère ne pas donner de date de mise en service. " Nous revoyons régulièrement le calendrier ", indique Jouni Silvennoinen , chef du projet chez TVO, en affirmant ne pas connaître la date de la prochaine revue. Une prudence dictée par l'annonce successive de trois reports qui ont mené à accumuler deux ans de retard dès les deux premières années du chantier.PENALITESDifficile de cerner les conséquences financières de ce nouveau délai. Pour l'heure, Areva a provisionné à cinq reprises (chaque semestre sauf un depuis décembre 2005) les surcoûts envisagés. Si le groupe d'Anne Lauvergeon garde le secret sur le montant de ces provisions, il est estimé autour de 1,5 milliard d'euros pour un investissement initial de TVO de 3 milliards. " Les provisions pourraient déjà se situer autour de 2 milliards ", estime un analyste. Ces sommes couvrent les surcoûts en main-d'oeuvre et en pièces mais englobent-elles des pénalités de retard ? Personne ne veut répondre.Les raisons de ces retards commencent à être bien connues. D'abord une farouche volonté commerciale d'Anne Lauvergeon de devenir le premier constructeur nucléaire à faire sortir de terre le premier EPR. Ce qui a mené Areva et son partenaire Siemens à accepter un délai initial trop court. " La dernière tranche construite par EDF, à Civaux, a exigé huit ans ", se plaît à répéter Areva, qui a pourtant promis à TVO d'ériger le premier exemplaire d'un nouveau réacteur en six ans. Assumant pour la première fois le rôle de maître d'oeuvre, Areva a ensuite été confronté à une série d'aléas. Par exemple, une très longue procédure d'approbation par l'autorité finlandaise de sûreté (Stuk). " Une charge qu'aucune des deux parties n'avait anticipée au départ ", confie Philippe Knoche, responsable du chantier pour Areva. Il a fallu aussi intégrer les conséquences du réchauffement climatique sur ce site à quelques mètres de la mer (renforcement de l'étanchéité, murs plus élevés...). Huit tuyaux de circuits primaires ont dus être refaits pour répondre aux exigences de Stuk. Le " défi " est de taille pour Areva, sachant qu'en 2012 où cet EPR devrait enfin démarrer, TVO doit choisir parmi cinq candidats le constructeur d'un deuxième réacteur de troisième génération.
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