Les universités toujours mobilisées contre les réformes

Universitaires, syndicats, enseignants-chercheurs, chercheurs, étudiants, lycéens? Forts du succès du 10 février, qui a mobilisé entre 40.000 et 80.000 personnes, ils devraient être nombreux demain à défiler à l'occasion d'une nouvelle journée d'action. Malgré les congés de février, la détermination est intacte et les actions localisées se multiplient depuis l'appel à la grève illimitée et reconductible, le 2 février, de la coordination nationale des universités. Le mouvement, qui s'est cristallisé sur les suppressions de postes (1.030 en 2009 dans l'enseignement supérieur et la recherche) et la réforme du statut des enseignants-chercheurs, conteste aussi la réforme de la formation des enseignants, celle des organismes de recherche et, désormais, c'est la loi sur l'autonomie (LRU) dans son entier qui est visée. « La mobilisation touche de plus en plus de catégories. Le gouvernement réagit à contretemps à chaque fois. Une réaction quelques semaines plus tôt aurait pu permettre d'apaiser la contestation », analyse Bertrand Monthubert, secrétaire national du PS à l'Enseignement supérieur et à la Recherche, qui demande la constitution d'une mission parlementaire.« nouvelles pistes »Sur le front des enseignants-chercheurs (dont la réforme prévoit une évaluation tous les quatre ans et une « modulation de service » entre enseignement et recherche), ni la nomination par Valérie Pécresse d'une médiatrice, Claire Bazy-Malaurie, ni l'éventualité de « nouvelles pistes » évoquée par le chef de l'État n'ont réussi à calmer la grogne. Claire Bazy-Malaurie a commencé ses entretiens lundi, mais avec des absents de poids, qui ont décidé de boycotter sa mission : le syndicat majoritaire Snesup-FSU, et les collectifs Sauvons la recherche (SLR) et Sauvons l'université (SLU), qui exigent l'ouverture de négociations plus larges. Ce qui ne semble pas à l'ordre du jour rue Descartes, où l'on réaffirme que « les grands principes du texte seront gardés ». De son côté, le groupe de travail de députés UMP créé la semaine dernière sur le sujet va remettre ses propositions ce matin à Claire Bazy-Malaurie. « La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche semble d'accord pour aller vite », constate Denis Fasquelle, député membre du groupe de travail.Concernant la réforme de la formation des enseignants-chercheurs, l'affaire semble moins bien partie. La réforme, portée par le ministre de l'Éducation nationale (le recruteur), mais qui concerne aussi Valérie Pécresse (la formatrice), prévoit que les futurs maîtres soient recrutés au niveau mastère (bac + 5) à partir de 2010 et non plus licence, mais supprime de facto l'année de stage rémunérée (remplacée par des stages indemnisés non obligatoires entre 54 et 108 heures). À la suite de quoi les lauréats se verront affectés directement une classe à temps plein? Face aux refus de faire remonter les maquettes des futurs mastères enseignement, la date butoir de dépôt a été repoussée au 31 mars. Seules une dizaine d'universités auraient transmis leurs maquettes mais une bonne vingtaine d'entre elles (sur les 66 intégrant un IUFM) étaient prêtes à le faire, de source proche du dossier. Quoi qu'il en soit, ce report ne convainc pas : même les présidents d'université demandent son report d'un an. Pour ne rien arranger, les deux ministères concernés se renvoient la balle. L'un semble vouloir désamorcer la crise, l'autre estime que, maquettes ou non, les nouveaux concours pourront se tenir en 2010 puisque 45 % des candidats ne passent pas par les IUFM et que 50 % des aspirants enseignants du second degré attendent déjà d'obtenir un mastère pour passer les concours. D'ici à suggérer que la non-remontée des maquettes pourrait précipiter la disparition des IUFM (intégrés aux universités depuis 2006), il n'y a qu'un pas. n
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