Mickey Rourke de retour sur le ring

Imaginez Mickey Rourke, la gueule plus ravagée que jamais, avec une horrible crinière blonde, un corps outrageusement bodybuildé et vêtu d'un collant vert fluo? Une vision d'horreur ? Non : l'un des rôles les plus forts qu'il ait été donné de voir au cinéma depuis le début de l'année.« The Wrestler » raconte l'histoire de Randy, un catcheur dont l'heure de gloire est depuis longtemps passée, qui tente de reconstruire sa vie. Il cherche à se réconcilier avec sa fille qu'il a abandonnée (Evan Rachel Wood), et à convaincre une femme, mère au foyer le jour, stripteaseuse la nuit (Marisa Tomei), de vivre avec lui. Il devra d'abord arrêter le catch, devenu trop dangereux. Mais comment résister à l'appel du ring ?du catch undergroudLe réalisateur, Darren Aronofsky, le dit lui-même : « C'est l'histoire d'un catcheur, mais ce pourrait être un boxeur, un danseur de ballet ou un footballeur. » L'univers du catch underground est pourtant décrit d'une façon très réaliste. Des vrais catcheurs ont participé au tournage, et Mickey Rourke a subi un entraînement démentiel. Mais l'essentiel se déroule en dehors du ring. Si les problèmes (familiaux, financiers, sentimentaux, etc.) affrontés par Randy ont souvent été traités au cinéma, ils sont rendus passionnants par l'interprétation exceptionnelle de l'acteur. Il faut le voir pour comprendre l'agitation médiatique justifiée autour de son come-back et sa récompense méritée aux Golden Globes (et peut-être aux Oscars). Une performance d'autant plus touchante que la carrière de Randy ressemble à celle de Mickey Rourke. « Quand il a lu le scénario, je pense que de nombreuses ­situations ont résonné en lui. Mais nous n'avons jamais abordé le sujet ensemble », déclare Darren Aronofsky, qui a cru en l'acteur malgré sa réputation désastreuse.Pour autant, la figure ressuscitée de Mickey Rourke ne doit pas faire oublier que « The Wrestler » doit aussi sa réussite à son réalisateur. Remarqué avec « Pi », consacré avec « Requiem for a Dream » et tombé en disgrâce après le catastrophique « The Fountain », Darren Aronofsky signe aujourd'hui son meilleur film. manque de mystèreIl s'est débarrassé de sa mise en scène tape-à-l'?il, de ses interrogations ­métaphysiques lourdingues, pour se concentrer sur l'histoire et ses protagonistes, à travers de nombreuses petites scènes a priori anodines. Une séance de shopping, une partie de jeux vidéo ou un flirt dans un bar permettent ainsi de définir clairement la psychologie des personnages. C'est peut-être le seul petit défaut du film, qui cherche toujours à faire sens et laisse peu de place à la surprise ou au mystère. Comme dans le catch, la fin est toujours courue d'avance.Heureusement, une légère dose d'humour réintroduit de l'inattendu. « L'humour va de pair avec le catch. C'était difficile de faire autrement dans cet univers très kitsch », explique Aronofsky. Quand on lui demande si cette touche d'ironie n'est pas aussi symptomatique de son nouveau rapport au cinéma, plus mûr depuis qu'il a connu les succès et les échecs, il répond : « Je ne crois pas. J'ai encore plein d'immaturité en moi. » À vérifier lors de son prochain film, centré autour d'un danseur de ballet. La rumeur ne dit pas si Mickey Rourke enfilera des collants roses.
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