Le PS, ou la peur du vide

L'affrontement auquel se sont livrés Martine Aubry, premier secrétaire mal élue du PS, et Manuel Valls, jeune matador aux dents longues, va bien au-delà du simple déballage de linge sale en public. C'est un nouveau symptôme du mal qui frappe depuis le 21 avril 2002 un Parti socialiste à la recherche désespérée d'un leadership, d'une gouvernance et d'un projet de société. En tentant maladroitement et sans succès d'affirmer son autorité, Martine Aubry a démontré que l'appareil du PS n'était plus en mesure de conduire la rénovation de l'intérieur. François Hollande s'était heurté à la même paralysie, d'où la tentative de Ségolène Royal de « prendre » le parti par l'extérieur. Son échec à l'élection présidentielle a relancé le bal des ambitions, mais le PS est incapable d'organiser la compétition de façon claire, écartelé entre les arrière-pensées de ses éléphants et les rêves de grandeur de ses éléphanteaux. Le Parti socialiste actuel fait penser à la vieille SFIO, morte il y a juste quarante ans pour n'avoir pas su se couler dans la Ve République. Du 11 au 13 juillet 1969, au Congrès d'Issy-les-Moulineaux, la SFIO avait tenté une ultime résurrection, Guy Mollet, incarnation du vieux parti, cédant enfin la place aux « jeunes ». Mais ce n'est que deux ans plus tard au Congrès d'Épinay avec la prise de pouvoir de François Mitterrand que renaîtra un socialisme rénové et uni derrière un chef. Un chef jugé capable de remporter l'élection présidentielle, doté d'une stratégie claire, l'union de la gauche, et d'un projet de société : « changer la vie ». Alors faut-il voir dans les soubresauts actuels au PS les derniers feux du « molletisme » moderne ? Un rapide calcul permet de s'en convaincre : en 2012, Fabius aura 66 ans, Strauss-Kahn 63 ans, Aubry 62 ans, Royal 59 ans, Hollande 58 ans. Manuel Valls en aura à peine 50, Benoît Hamon 45? Le démocrate Barack Obama a été élu l'an dernier président des États-Unis à? 47 ans ! Tout est dit du conflit de génération qui est en train d'engloutir la social-démocratie en France. Surtout si, en cas de réélection de Nicolas Sarkozy, il faut rajouter cinq ans de plus. Le plus étonnant dans cette crise du socialisme, qui affecte toute l'Europe, est qu'elle éclate au moment où les idées libérales qu'il a toujours combattues sont le plus remises en cause. Un faux paradoxe, dans la mesure où, derrière l'agonie du PS, ce sont aussi les vieilles idées de la gauche qui sont en train de disparaître. Et à voir le résultat des élections européennes, ce sont peut être les Verts qui ont réussi avant l'heure l'aggiornamento du PS en s'ouvrant sur la société. Au point d'avoir vocation à le remplacer ? [email protected] mabille
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