Bientôt un concurrent pour défier Airbus et Boeing

La Russie a fait impression au Salon du Bourget en faisant voler son premier avion commercial depuis la fin de l'ère soviétique. Mais c'est en Chine que se prépare, dans la plus grande discrétion, la plus forte offensive contre le duopole d'Airbus et de Boeing sur les avions moyen-courriers de plus de 150 sièges. « Ils ont les moyens financiers, les compétences et le march頻, indiquait, au Bourget, le PDG de Boeing, Jim McNerney, pour qui la Chine est la concurrente la plus sérieuse. Avec une rapidité et des moyens insoupçonnés en mars 2007, lorsque Pékin avait accepté l'idée, déjà ancienne, de concevoir d'ici à 2020 un avion de 150 à plus de 200 sièges, catégorie qui forme l'essentiel des ventes mondiales.La crise n'a pas retardé le projet. Au contraire. Selon des sources industrielles, les appels d'offres pour la réalisation de certains équipements et systèmes mais aussi des moteurs de cet avion, baptisé C919, seront lancés au début du deuxième semestre. Ceci afin de sélectionner tous les fournisseurs avant la fin de l'année. Objectif : faire voler cet appareil court et moyen-courrier de 170 sièges en 2014, pour une mise en service commerciale en 2016. Le C919 sera assemblé à Shanghai.rafler un tiers du marchéContrairement au premier appareil chinois, l'ARJ21, un avion régional de 70 sièges destiné au seul marché local, le C919 vise aussi l'export. « Les industriels chinois veulent construire un avion apportant un gain de performance de 10 % par rapport aux A320 et B737, les avions d'Airbus et de Boeing, qui se partagent ce segment de march頻, note un connaisseur du dossier. Grâce surtout à l'utilisation de moteurs améliorés. C'est néanmoins sur le marché chinois que le potentiel est le plus évident. « Les industriels chinois entendent à l'avenir rafler, avec le C919, un tiers du marché local, une proportion équivalente à celle d'Airbus et de Boeing », assure un proche du dossier. Ce qui garantit déjà près de 800 avions, les besoins de la Chine dans cette catégorie étant évalués à près de 2.400 appareils durant les vingt prochaines années.Si tous les experts s'accordent à dire que le calendrier ne sera pas tenu, ils ne doutent pas que les Chinois « ­sortent » cet avion. Car ce sont les hommes qui ont mené avec succès le programme spatial chinois qui ont été bombardés à la tête de la Comac (Commercial Aircraft Corporation of China), créée pour mener à bien le projet aéronautique. Surtout, après s'être fait laborieusement la main sur l'ARJ21 (en essayant de tout faire tous seuls), les industriels chinois ne vont pas hésiter à faire appel aux compétences occidentales. Une aubaine pour les français comme Safran ou Thales. Le C919 menace-t-il Airbus et Boeing ? « Les Chinois vont perturber le jeu, assure un expert. Car ils vont priver Airbus et Boeing d'une partie du juteux marché chinois. Et aussi parce que, à l'export, le C919 peut intéresser les compagnies qui n'auront pas les moyens de commander la nouvelle génération d'avions moyen-courriers d'Airbus et de Boeing, prévue à l'horizon 2020. Surtout, le C919 n'est qu'une première étape dans la volonté de Pékin de devenir une puissance aéronautique. À terme suivra sans doute un projet de gros-porteur. Fabrice Gliszczynsk
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