Obama rassure le Canada sur le commerce

Si George Bush avait choisi le Mexique pour son premier voyage officiel, en 2001, Barack Obama a renoué avec l'usage en privilégiant le Canada, où il s'est rendu hier pour quelques heures, pour y rencontrer le Premier ministre conservateur Stephen Harper. Les relations économiques figuraient en bonne place au menu des discussions des deux hommes : le président des États-Unis a dû s'employer à rassurer les Canadiens sur la clause protectionniste, incluse dans le plan de relance de l'économie américaine de 787 milliards de dollars. Le candidat Obama avait eu la faiblesse d'adopter la position soutenue par le camp démocrate et les syndicats au cours de sa campagne, en promettant de « protéger » les emplois américains. levée de boucliersLes élus au Congrès, de droite comme de gauche mais tous soucieux de défendre leur électorat, lui avaient emboîté le pas pour la rédaction du texte sur la relance. Face à la levée de boucliers, au Canada, mais aussi en Europe, le document final est toutefois plus souple. S'il stipule encore que seul l'acier américain et d'autres matériaux pourront être utilisés pour des travaux publics financés par le plan de relance, la condition devient caduque si elle viole des accords de libre-échange existants. Or le Canada, les États-Unis et le Mexique sont liés depuis 1992 par l'Alena (qui a remplacé pour le Canada l'accord bilatéral signé avec Washington en 1989). Le « Buy American » ne devrait donc pas impliquer, comme le répète à l'envi la presse canadienne depuis quelques semaines, un « Don't buy Canadian »? Malgré ces garde-fous, le Canada ne décolère pas. Déjà, les sociétés nationales ne peuvent pas soumissionner pour des contrats de défense et d'aéronautique américains, en raison de restrictions édictées par Washington depuis des années. « Nous mettrons l'accent sur la dépendance énergétique des États-Unis, soulignait Stockwell Day, le ministre du Commerce canadien devant des journalistes français à Vancouver, quelques jours avant la visite d'Obama. De fait, le Canada est le premier fournisseur de pétrole (et de gaz) des États-Unis, devant l'Arabie Saoudite. Et les deux économies sont très liées. Premiers partenaires commerciaux, elles échangent chaque jour plus d'un milliard de dollars américains de marchandises et de services. Les échanges des provinces canadiennes sont plus élevés avec les États-Unis qu'entre elles. Une relation qui représente, pour les États-Unis, quelque sept millions d'emplois, directs ou indirects. De même, c'est le bois canadien qui sert à construire les maisons aux États-Unis. Et c'est en passant en moyenne quatre fois la frontière qu'une voiture est assemblée, entre le Michigan et l'Ontario. Les deux pays ne se contentent donc pas d'échanger, ils construisent ensemble. Difficile, dans ces conditions, d'envisager de laisser le protectionnisme saper les fondements d'une telle relation.
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