Lorsque, le 25 mai 1961, le président Kennedy prend l'engagement solennel d'envoyer un homme sur la Lune avant la fin de la décennie, le coût de cette nouvelle course à la Lune ne fait pas l'objet de débat. Les États-Unis tentent alors de se relever du « Pearl Harbor technologique » infligé en octobre 1957 par l'Union soviétique avec la mise en orbite du satellite Spoutnik et le nouveau président américain veut reprendre le leadership technologique sur le rival communiste. « Aucun autre projet ne sera aussi difficile ou coûteux à réaliser », admet d'emblée JFK, en mettant sur les rails le programme Apollo (ci-dessus la fusée Apollo au décollage). Il ne se trompe guère : lorsque les États-Unis y mettent fin en décembre 1972, celui-ci a coûté entre 20 et 25 milliards de dollars, soit 150 milliards de dollars actuels. Qu'importe : le projet a permis aux États-Unis de réaffirmer leur statut de superpuissance et de restaurer leur suprématie technologique. Initié au cours d'une décennie de croissance, le programme a servi l'économie du pays. « Toutes ces dépenses ont irrigué les capacités de recherche et développement à travers un réseau de laboratoires de très haute technologie, servant à maintenir le niveau d'excellence des États-Unis », explique Laurence Nardon, spécialiste de l'espace à l'Institut français des relations internationales. Une corrélation que confirme Yannick d'Escatha, président du Centre national d'études spatiales : « L'espace est évidemment un vecteur de développement économique, estime-t-il. Si l'on considère la chaîne de valeur engendrée par les technologies spatiales, allant de la fabrication des satellites et des lanceurs jusqu'aux activités économiques de contenus (radio, télévision, Internet à haut débit, télécoms spatiales, le tout par les satellites?), on passe de la dizaine à la centaine de milliards d'euros ». Selon ce spécialiste français de l'espace, « on n'a encore rien vu, car nous ne sommes qu'au début de ce foisonnement économique : l'utilisation de ces technologies spatiales va par exemple donner lieu à un nombre illimité de services aval dans les contenus ». Éric Chol
Le programme apollo, moteur économique
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