Les sociétés peineront à maintenir leurs dividendes

Voilà maintenant cinq mois que les marchés actions ont entamé leur rally haussier. Laissant derrière eux les hypothèses apocalyptiques d'une chute de 80 % des profits entre 2007 et 2009. Et avec elles, des valorisations qui avaient perdu tout leur sens. Fin février, les taux de rendement (dividende cours) des actions européennes culminaient à des sommets historiques compris entre 5,5 % et 6 %. Et ce, sur la base d'anticipations de résultats irréalistes alors que les Bourses mondiales touchaient le fond. Depuis, les taux de rendement ont retrouvé des niveaux médians plus rationnels de 3 % pour le CAC 40. D'une part, grâce à un effet mécanique lié au rebond de plus de 35 % de la Bourse de Paris depuis le 9 mars. D'autre part, parce que les analystes ont considérablement affiné leurs prévisions de bénéfices pour l'année en cours. « On est revenu à des niveaux de rendement plus raisonnables qui se rapprochent d'une moyenne historique se situant entre 2,5 % et 3 % » confirme Pierre Sabatier, statégiste chez Prime View. taux médianPour François Chaulet, directeur associé de Montségur Finance, « le fort rebond des contrats à terme sur dividendes (dividend swap) au cours des trois-quatre derniers mois tend à montrer que le marché a fortement sous-estimé la capacité de distribution des entreprises ». D'autant que au cours de la dernière décennie, les grands groupes ont considérablement mis l'accent sur cet argument de fidélisation actionnariale. D'après François Chaulet, le montant moyen de dividendes versés chaque année par les sociétés du CAC 40 gravitait autour de 15 milliards d'euros entre 1999 et 2003. Soit près de 40 milliards de moins que les?54 milliards d'euros?distribués au titre de l'exercice 2008. Nos fleurons nationaux auront, toutefois, fort à faire pour préserver leurs dividendes cette année. Sur la base des estimations du consensus Factset, les 3,1 % de rendement affichés par les 40 plus grosses capitalisations boursières françaises correspondent à un taux de distribution médian («?pay out?») de 49 %. Et cela, alors que, sur une période de long terme, le point d'équilibre varie plutôt entre 35 % et 40 %. Dans certains cas, la situation paraît compliquée. Par exemple, s'il veut maintenir son coupon inchangé à 2,28 euros par action, Total devra ponctionner les deux tiers de ses profits contre seulement 37 % l'an passé. De son côté, Saint-Gobain pourrait être contraint de presque quadrupler son taux de distribution, attendu à 77,8 % pour 2009, pour continuer de payer à ses actionnaires 1 euro par titre. Ce taux pourrait passer de 22 % à 42 % chez Lafarge pour un dividende stabilisé à 1,73 %. A contrario, des groupes plus défensifs comme France Télécome;lécom, GDF Suez ou Sanofi-Aventis, procurant des rendements de 5 % à 8 %, semblent mieux engagés.
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