Résiliente, l’économie de la Corse reste dynamique

Selon l’INSEE, l’activité économique dans l’Île continue de bien se comporter. Avec un bémol cependant : six nouvelles créations sur dix sont des micro-entreprises. Par ailleurs, le BTP est toujours en recul et le tourisme toujours dans des sables mouvants.
(Crédits : Reuters)

Dans sa dernière lettre de conjoncture relative au quatrième trimestre 2023, l'Insee de Corse confirme que les créations d'entreprises conservent leur dynamisme, dans le droit fil des dix dernières années. Une progression évaluée à 28,5 % dans le commerce-transport-hébergement-restauration et plus modérément dans les services (2,6 %). En revanche, elles se replient dans la construction (8,9 %) et l'industrie (8,7 %).

En Corse, avec plus d'acuité que sur le Continent, on enregistre la même tendance de création de micro-entreprises. Ainsi en 2023, six entreprises nouvelles sur dix sont des micro-entreprises. Voilà d'ailleurs trois ans que les immatriculations sous le régime du micro-entrepreneur dépassent largement les créations d'entreprises classiques.

Micro-entreprises : le pour et le contre

En 2023, le nombre de nouvelles entreprises s'établit à 6.190 créations. Parmi elles, donc, 63 % optent pour le statut de micro-entreprises, 29 % sont des sociétés et le reste sont des entreprises individuelles. Un dynamisme qui contraste avec le repli au niveau national de 1%. Jusqu'à la pandémie, les entreprises classiques représentaient six créations sur dix, mais avec l'évolution du cadre législatif, la tendance s'est inversée et pour cause : le régime fiscal est simplifié et les trois premières années d'activité sont partiellement exonérées de cotisations sociales. Dès lors, les créateurs optent volontiers pour le statut de micro-entrepreneur. De son côté, l'Urssaf réfléchit à une offre de service pour sensibiliser l'opinion sur les inconvénients : « Le statut d'autoentrepreneur est avantageux à l'installation, il y a peu de cotisations mais aussi une petite retraite. On doit lui préférer le statut de travailleur indépendant. Les cotisations sociales sont mécaniquement plus importantes, mais les droits et la retraite aussi » argumente Sébastien Grippi, son directeur régional.

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Entre 2013 et 2023, le tissu économique insulaire s'est étoffé de 13.700 immatriculations d'entreprises, soit une hausse de 4,9 % en moyenne par an. Cette évolution répond à des besoins croissants d'une population qui augmente de 1,1 % en moyenne annuelle et d'une fréquentation touristique en essor, du moins jusqu'au début de la crise sanitaire, la reprise étant plutôt laborieuse.

Un taux de chômage inférieur à celui du Continent

Les entreprises créées sont-elles pérennes ? L'Insee indique qu'entre 2013 et 2019, les défaillances augmentaient de 1,5 % en moyenne annuelle. En 2020, avec la crise sanitaire et la suspension des traitements judiciaires, les défaillances étaient à l'étiage. Depuis, leur nombre progresse régulièrement (369 au quatrième trimestre 2023) mais le niveau d'avant crise n'a pas été atteint.

« Le rattrapage est en cours, il existe encore un stock d'entreprises qui auraient pu péricliter sans les aides exceptionnelles de l'État. L'avenir dira si elles seront en mesure de maintenir leur activité ou si elles sont en sursis » analyse Antonin Bretel, directeur régional adjoint de l'Insee en Corse.

En outre, sur la décennie, l'évolution des créations d'entreprises est plus importante que celle de l'emploi salarié qui s'essouffle légèrement avec un recul à 0,4 % : « On peut supposer que de nombreux salariés, ou demandeurs d'emploi, en viennent à créer leur propre emploi. »

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L'emploi régional régresse dans les principaux secteurs de l'économie insulaire. Dans l'hébergement-restauration, les effectifs se replient de 1,3 %. Sur un an, le recul est de 1,1 % à l'image de la fréquentation touristique en baisse en 2023. C'est dans les activités immobilières que l'emploi se dégrade le plus (−1,7 %). Dans le même temps, au sein de la construction, les effectifs baissent de 1,8 % sur un an. Ce qui n'est pas le cas de l'activité industrielle où la progression annuelle des effectifs (2,9 %) reflète la tonicité du secteur, production d'énergie, eau et gestion des déchets. Somme toute, le taux de chômage en Corse s'établit à 6,5 % de la population active : il augmente de 0,4 point sur un an mais reste inférieur au taux de chômage national (7,5 %).

« L'économie de la Corse garde son dynamisme, conclut Antonin Bretel, même si l'année 2023 marque le pas. La Corse a une grande capacité de résilience. Le secteur de la construction est un sujet de préoccupation. Le peu de foncier disponible et la hausse des taux de crédits l'expliquent en grande partie. »

S'agissant de la saison touristique 2024, le directeur régional adjoint de l'Insee mentionne que les premiers échos sont « positifs ». Mais une fois encore, les hôteliers risquent d'être « surclassés » par l'inflation des locations privées.

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Commentaires 2
à écrit le 14/05/2024 à 10:40
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L'indépendance totale sans un sou de la France !

à écrit le 14/05/2024 à 8:38
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Ben oui exactement comme toutes les entreprises, nombreuses, qui se gavent d'argent public.

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