Obama pris au piège de la réforme de la santé

Blue Dogs contre Liberals » : il ne s'agit pas d'un match de football, mais d'une querelle politique outre-Atlantique. Et, qui plus est, au sein même du parti démocrate. La pomme de discorde ? L'initiative du président Barack Obama pour réformer le système de santé, et permettre aux Américains qui n'ont pas de couverture maladie fournie par leur employeur ou une autre institution d'en obtenir une s'ils le souhaitent. Au-delà du traditionnel clivage démocrates-républicains, c'est donc l'aile « conservatrice » du parti démocrate, les Blue Dogs ? des élus venant majoritairement des États du Sud, mais aussi de Californie, de l'Utah, de l'Iowa, de New York, qui se heurte aux Liberals ?, autrement dit, les plus à gauche sur l'échiquier politique américain. Les premiers s'inquiètent des dépenses occasionnées dans les années qui viennent par la prise en compte, sous une forme qui reste à définir, des besoins en assurance-maladie des non-assurés, le tout dans un contexte d'explosion du déficit budgétaire. Les électeurs de gauche, en revanche, s'inquiètent d'une éventuelle remise en question de la philosophie ? pourtant peu aboutie pour l'instant ? qui sous-tend la réforme, à savoir le financement par l'État d'une assurance, qui ferait concurrence aux compagnies privées. L'affaire menaçait d'éclater depuis quelques jours, à mesure que les débats organisés par l'administration sur les places publiques pour expliquer l'initiative Obama tournaient au pugilat.garder le parti soudéÀ force d'être pris à partie sur sa réforme, le président a failli flancher. Et déclaré, dans un premier temps, que « l'option publique », celle qui induirait un financement étatique d'une caisse d'assurance santé, n'était pas forcément l'élément essentiel d'une réforme. De quoi satisfaire une partie des électeurs, allergiques à l'idée du tout-État, sans oublier les républicains qui font feu de tout bois contre le projet, et bien sûr, les fameux Blue Dogs. Mais face à ce qu'ils considèrent comme une capitulation, les Liberals ont vite réagi, en demandant le maintien de cette option dans les textes qui seront débattus à la rentrée. Du coup, le président Obama n'a eu d'autre choix que de revenir sur ses propos. Le porte-parole de la Maison-Blanche s'est répandu en commentaires : « Le but est le choix et la concurrence au service des usagers en matière de police d'assurance-maladie, a-t-il déclaré. Cela signifie que notre préférence va à l'option publique. »Il n'est pas sûr que l'affaire soit close pour autant. Car le président va devoir faire ses calculs. Les Blue Dogs, qui ont déjà réussi à imprimer leur marque sur certains textes de loi adoptés par le Congrès, peuvent faire dérailler le projet phare de l'administration Obama. Il suffit pour cela que les 52 Blue Dogs de la Chambre s'associent aux républicains, et la majorité démocrate y est défaite? Dans un contexte où, selon les sondages, les électeurs sont de moins en moins enclins à faire confiance au président sur sa capacité à gérer le débat sur la réforme (seule la moitié des sondés lui font confiance) et le nombre de ceux qui croient en sa capacité de mener à bien une telle réforme diminue (63 % avant son intronisation en janvier dernier et 56 % en juillet), les Blue Dogs pourraient avoir tendance à se sentir pousser des ailes. Autant dire que le « Yes we can » du candidat Obama va devoir être appliqué par le président à son propre parti. Pourra-t-il le garder soudé sur la santé ? Réponsee;ponse cet hiver, sans doute. n
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