Arles célèbre les anciens

hotographieLes surprises, au fond, éclatent toujours là où on les attend le moins. Prenez les Rencontres d'Arles, dont on fête cette année les 40 ans. Il revenait à l'Américaine Nan Goldin de faire le show. Et ce sont finalement Willy Ronis, Duane Michals ou Brassaï au Musée Réattu qui attirent tous les regards, faisant de cette édition une belle manifestation fédératrice, mais peu propice à la révélation de nouveaux talents.Goldin a heureusement eu la bonne idée de présenter son diaporama, « The Ballad of Sexual Dependency » et sa bouleversante installation « S?urs, saintes et Sibylles », indispensable pour comprendre son travail. Elle nous régale aussi de sa propre collection de photos. Un ensemble d'une belle cohérence, riche de tirages de Molinier ou Diane Arbus, qui permet de découvrir des artistes encore peu connus en France comme David Wojnarowicz.On passera, en revanche, sur ses invités. À l'exception du formidable travail de Jean-Christophe Bourcart sur Camden (New Jersey), la ville la plus dangereuse des États-Unis. Il y a aussi les autoportraits d'Antoine D'Agata, très baconiens. Mais que dire des images de Leigh Ledare. Ancienne ballerine, la mère de ce dernier a cherché à se réapproprier une image sexualisée d'elle-même en posant devant son fiston sexe à l'air offert à l'objectif ou à une langue experte. Ce n'est même pas choquant, juste pathétique parce que pornographique.Alors, pour se remettre, on file voir l'exposition consacrée au facétieux Duane Michals dont les photos réinterprètent l'histoire de l'art. Tel ce portrait de Duchamp emprisonné dans une vitre comme l'était sa « Mariée mise à nu... ».New york dans le noirEn Arles, ce sont donc les anciens qui tiennent le haut du pavé cette année. L'hommage à Willy Ronis tire le travail de ce dernier de la nostalgie dans laquelle on l'avait confiné, pour révéler un photographe politique à travers des images peu connues. Quant à René Burri, il dévoile New York plongé dans le noir d'une panne de courant des années 1960 à travers une exposition présentée dans l'obscurité et dont les photos se regardent avec une petite lampe de poche.Au Musée Réattu, le nouvel accrochage révèle la richesse des collections et permet par exemple à Brassaï et Picasso de continuer à dialoguer dans un magnifique face à face entre les photos de l'un et les dessins et peintures de l'autre.Et puis il y a cet ensemble bouleversant de photos de lynchages perpétrés aux États-Unis contre les Noirs dans la première moitié du XXe siècle et qui permettent au public de comprendre le chemin parcouru jusqu'à l'élection de Barack Obama. n Les 40e Rencontres d'Arles, jusqu'au 13 septembre dans toute la ville. www.rencontres-arles.com
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