Henri Cartier-Bresson dans l'objectif d'Agnès Sire Directric...

Henri Cartier-Bresson dans l'objectif d'Agnès Sire Directrice de la Fondation Henri Cartier-Bresson depuis 2003, Agnès Sire a su imposer ce lieu comme une étape incontournable du parcours photo parisien grâce à une politique d'expositions dynamique et ouverte aux autres photographes.Un sans-faute ! Depuis son ouverture en mai 2003 à Paris­, la Fondation Henri ­Cartier-Bresson (HCB) a réussi à s'imposer comme un lieu phare de la photographie dans une ville qui compte déjà de nombreuses institutions dédiées à ce médium. Mieux encore, il n'a pas fallu plus de quelques expositions pour faire exploser les estimations au niveau de la billetterie. Car l'espace accueille parfois jusqu'à mille personnes par jour alors qu'on n'en attendait pas plus de cinquante... La faute à Agnès Sire, la directrice des lieux, et à ses équipes. Certes, le nom du maître des lieux attire les foules. Mais la programmation établie par la directrice, en accord avec la photographe Martine Frank (présidente de la Fondation et veuve du photographe), a su enclencher un extraordinaire bouche-à-oreille et séduire le public sans aucune publicité.Agnès Sire avoue avoir eu « la pétoche » quand on lui a proposé le poste. « Ce n'était pas tant la gestion qui m'effrayait que la politique d'exposition qu'il nous fallait mener. » D'expérience, pourtant, elle ne manquait pas. Arrivée à l'âge de 30 ans chez Magnum, la célèbre agence fondée notamment par Robert Capa et Henri Cartier-Bresson, elle a travaillé vingt ans durant aux côtés des photographes. Et fréquenté assidûment Cartier-Bresson dont elle a piloté nombre d'expositions. « Cela m'a permis de comprendre le personnage, confie la directrice de la Fondation. Il ne faut jamais oublier qu'Henri était un provocateur qui n'hésitait pas à ruer dans les brancards. Cela nous permet de prendre une extraordinaire liberté. »C'est donc cette liberté qu'Agnès Sire a choisi d'appliquer dans ses choix de programmation. Les « best of », très peu pour elle. « Il n'y a rien de pire que de congeler une ?uvre dans une norme qui ne veut rien dire. L'une des missions de la Fondation consiste à préserver les archives d'Henri que nous sommes en train d'inventorier. Nos expositions montrent donc ce sur quoi nous avons travaill頻, souligne-t-elle. Elles font aussi la part belle à d'autres photographes ou artistes, comme l'avait exigé le maître des lieux. Ainsi a-t-on pu y découvrir l'?uvre de Saul Leiter, l'un des premiers à avoir utilisé la couleur, ou encore celle du dessinateur Saul Steinberg. Le face-à-face entre Cartier-Bresson et Walker Evans a, pour sa part, battu des records d'affluence. Les expositions consacrées aux lauréats du prix HCB attirent peut-être moins de monde, mais elles ont le mérite de montrer un travail réalisé grâce aux 30.000 euros apportés par le mécène Groupe Wendel, l'une des dotations les plus élevées pour ce type de prix dans le milieu de la photo.Depuis son ouverture, de nombreux photographes, échaudés par la manière dont l'État s'est occupé des archives de leurs prédécesseurs, ont commencé à regarder le fonctionnement de la Fondation HCB (reconnue d'utilité publique avant même son ouverture) en se disant que c'était peut-être là la manière idéale de préserver leur ?uvre. Certes, tous n'ont pas la notoriété ou les moyens de cette fondation qui est propriétaire de ses locaux et qui fonctionne en équipe réduite au strict minimum avec un budget de 500.000 euros par an, sans subventions publiques, essentiellement grâce à la billetterie, au mécénat, et aux visites privées. « Notre petite structure nous protège de la crise, reconnaît Agnès Sire. » Ce qui lui permet de partir en vacances, tranquille, le regard tourné vers les expositions à venir, toutes plus alléchantes les unes que les autres. À commencer par celle consacrée, dès la rentrée, au grand photographe allemand August Sander. Suivront ensuite des photos de la banlieue prises par Robert Doisneau. Vraiment pas de quoi avoir « la pétoche ».Yasmine You
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