65 milliards de dollars bloqués chez Lehman à Londres

Lehman Brothers n'en finit pas d'éclabousser les marchés. La faillite de l'ancienne banque d'investissement a provoqué le gel de 65 milliards de dollars (50 milliards d'euros) à Londres, appartenant à des fonds d'investissement. Cette somme commence à provoquer des dégâts en chaîne. La Managed Funds Association (MFA), l'association des hedge funds américaine, a tiré publiquement la sonnette d'alarme la semaine dernière, après une réunion improductive avec la Banque d'Angleterre.Son président, Richard Baker, a envoyé une lettre publique au Trésor britannique, à la Banque d'Angleterre et à la FSA (le régulateur des marchés), leur demandant d'agir urgemment pour débloquer cet argent. Sinon, il estime que les conséquences pour l'économie britannique seront " désastreuses ". Entre autres fonctions, Lehman Brothers jouait le rôle de courtier (prime broker) pour de nombreux fonds. De l'argent lui était confié pour établir des positions sur les marchés, au nom de ses clients. Au moment de la faillite le 15 septembre, environ 65 milliards de dollars étaient ainsi détenus par la filiale londonienne de Lehman Brothers. Le problème est qu'il est aujourd'hui très difficile d'identifier les propriétaires de ces sommes. Celles-ci pouvaient en effet être échangées ou transférées à court terme tant que la banque d'investissement en avait la gestion.CASSE-TETERésultat, démêler les avoirs des 3.500 clients relève du casse-tête. PriceWaterhouse Coopers, l'administrateur de Lehman Brothers à Londres, a entamé une procédure judiciaire pour restituer l'argent, mais prévoit qu'une résolution complète pourrait prendre jusqu'à un an. Pour la MFA, c'est inacceptable. Beaucoup de hedge funds ont urgemment besoin de leurs actifs pour rembourser leurs clients qui retirent leur argent en masse.Aux États-Unis, leurs encours ont baissé de 43 milliards de dollars en septembre, selon les calculs de TrimTabs Investment Research. Le gel de l'argent à Lehman Brothers a une deuxième conséquence : cela réduit la confiance des fonds dans les courtiers basés à Londres. De crainte que l'un d'eux ne fasse faillite, les " investisseurs institutionnels se retirent des marchés, gelant encore plus la liquidité ", explique Richard Baker. Ils transfèrent également leur argent vers New York, où la loi sur les faillites est moins compliquée.Face à cette situation, la MFA demande aux autorités britanniques de garantir l'immunité personnelle des administrateurs de Lehman Brothers, en échange d'un remboursement rapide des fonds. Et d'autres termes, ceux-ci ne seraient pas poursuivis en justice s'ils font des erreurs en accélérant leur travail. Mais la Banque d'Angleterre rétorque qu'elle n'a pas le pouvoir de faire cela. Et PwC estime que le problème est tout simplement que chacun des cas est trop complexe pour être rapidement résolu. Il souligne aussi qu'il serait injuste de rembourser en priorité les plus grosses sommes, qui débloqueraient le marché, parce que cela serait une discrimination contre les petits clients. Et pendant ce temps-là, 65 milliards de dollars sont bloqués...
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