Le Japon au secours de ses banques

Tokyo a épargné le contribuable mais saigné l'épargnant pour sauver ses banques. Retour vers le futur : la majorité gouvernementale au Japon songe à injecter des fonds publics dans les banques du pays pour parer à toute crise de confiance, a indiqué un de ses députés vendredi. " Ces injections seraient préventives ", comme l'explique ledit député, Hakuo Yanagisawa, dont les propos se veulent surtout tranquillisants. Car les banques japonaises sont dans une situation comptable nettement meilleure que celle de leurs consoeurs occidentales. Mais ces injections permettraient d'éviter une pénurie de crédit " qui pourrait affecter l'économie réelle ", selon Hakuo Yanagisawa.Le Japon, ce faisant, paraît répliquer la stratégie choisie par le secrétaire du Trésor américain, Henry Paulson, et d'autres pour juguler la crise mondiale. Mais ces derniers ne se sont-ils pas inspirés d'une certaine manière du Japon ? Son gouvernement a, lors de la crise des années 1990, injecté 32.400 milliards de yens (238 milliards d'euros) dans son système bancaire pour le nettoyer, principalement sous forme d'actions privilégiées dans le capital des banques, ou de reprise de leurs créances non performantes par une structure de défaisance. Cet exemple est étudié de très près par les autorités financières de la planète. Est-il probant ? Selon Stephen Church, économiste pour Japaninvest, l'État a déjà récupéré 19.700 milliards de yens. Il a même réalisé une jolie plus-value de 2.800 milliards de yens sur les titres qu'il a revendus, profitant de la hausse des cours des actions qu'il détenait, et du recouvrement plus rapide que prévu des mauvaises créances dont il s'était chargé.COUT TERRIBLE POUR LES MENAGES" Restent 12.700 milliards de yens, dont 5.500 milliards sont peut-être recouvrables ", estime Stephen Church. Les banques Shinsei, Resona et Aozora, dans lesquelles l'État avait investi, restent aujourd'hui des malades. " Ce plan a minimisé le coût supporté par l'État ", affirme Stephen Church. Cette politique a tout de même eu son revers : un coût terrible pour les ménages. Car l'État a déshabillé les épargnants pour rhabiller les banques. La Banque du Japon a maintenu des taux directeurs ultra-bas, permettant aux établissements bancaires de reconstituer leurs bilans en se payant sur la différence entre les rendements versés sur les comptes d'épargne (ridicules) et ceux demandés aux emprunteurs.
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